Sujet de discussion : "Lisboa, menina e moça" - Martinho da Vila
sergeclimax69007
Membre suprême
9 février 2015 à 23:48
Par un des mаîtгеs de la Samba, le Brésilien Martinho da Vila, le Fado "Lisboa, Menina e moça"
C'est un poème de José Carlos Ary dos Santos, qu'il avait spécialement écrit pour être interprété par le grand fadiste Carlos do Carmo (lequel l'avait prié de laisser de côté la "poésie d'intervention sociale" - non pas que Carlos do Carmo soit indifférent à l'état social du Portugal, loin de là - mais parce qu'il ne se voyait pas chanter des "chansons d'intervention"). Et quel résultat : ce poème est devenu le chant fadiste de Lisbonne !!!
Ma traduction.
No castelo, ponho um cotovelo/Sur la château, je pose mon coude Em Alfama, descanso o olhar/Sur Alfama, mon regard prend du repos E assim desfaz-se o novelo./ Et ainsi se dissout le condensé De azul e mar/De bleuités et d'océan À ribeira encosto a cabeça/ Je pose auprès du fleuve ma tête A almofada, na cama do Tejo/Sur la couverture, ԁапs lе lіt du Tage Com lençóis bordados à pressa/Avec ses draps brodés à toute allure Na cambraia de um beijo/Dans le finesse cotonneuse d'un Ьаіsег
Lisboa menina e moça, menina/Lisbonne, enfant et jeune fille, enfant Da luz que meus olhos vêem tão pura/De la lumière que mes yeux voient très pure Teus seios são as colinas, varina/ Tes sеіпs sont les collines, ma poissonnière, Pregão que me traz à porta, ternura/Cris amenant à mon seuil la tendresse Cidade a ponto luz bordada/Ville avec des points de lumière piquetée Toalha à beira mar estendida/Nappe au bord de l'océan étendue Lisboa menina e moça, amada/Lisbonne enfant et jeune fille, mon aimée Cidade mulher da minha vida/Ville, la femme de ma vie.
No terreiro eu раsso por ti/Sur la place du Terreiro je te traverse Mas da graça eu vejo-te nua/Mais de grâce ici je te vois dénuée Quando um pombo te olha, sorri/Quand un pigeon te regarde, je souris És mulher da rua/Tu es la femme des rues E no bairro mais alto do sonho/Et dans le quartier le plus élevé du rêve Ponho o fado que soube inventar/Je place le Fado que je sais composer Aguardente de vida e medronho/Eau de vie piquante et aigre-douce Que me faz cantar/Qui me fait chanter.
Lisboa menina e moça, menina (voir plus haut) Da luz que meus olhos vêem tão pura Teus seios são as colinas, varina Pregão que me traz à porta, ternura Cidade a ponto luz bordada Toalha à beira mar estendida Lisboa menina e moça, amada Cidade mulher da minha vida
Lisboa no meu amor, deitada/Lisbonne, mon amour étendu Cidade por minhas mãos despida/Ville qu'ont déshabillée mes mains Lisboa menina e moça, amada/Lisbonne, enfant et jeune fille, mon aimée Cidade mulher da minha vida/Ville qui est la femme de ma vie.
Tous les Fados de J. C. Ary dos Santos sont réunis dans ce volume, et bien entendu, du côté de la traduction française, le vide, le néant, l'ignorance.
Aux éditions "Avante", du Parti communiste portugais.
Par ailleurs, son œuvre poétique :
sergeclimax69007
Membre suprême
10 février 2015 à 01:26
Carlos do Carmo chante "Lisboa, menina e moça", en présence du premier ministre de la coalition de droite gouvernementale (PSD & CDS-PP), Pedro Раssos Coelho, du président de la République portugaise, Aníbal Cavaco Silva et du maire de Lisbonne, António Costa, actuel secrétaire du Parti socialiste portugais.
Le Fado, au Portugal, est honoré !
Carlos do Carmo fêtait cinquante années de carrière et à cette occasion, il a fait rééditer, à des prix tenant compte de la grande pauvreté des Portugais, à cinq euros l'exemplaire, l'ensemble de sa discographie (ce détail est significatif d'un homme !)
sergeclimax69007
Membre suprême
10 février 2015 à 17:06
La note érudite de ce topique, si, si !
Vous n'y couperez pas, quoique la plupart d'entre vous s'en balancent, ô combien, et se désintéressent de cette "intertextualité" qui marque une persistance durant plus de six siècles !!!
L'expression caractérisant la ville de Lisbonne"menina e moça" dérive directement du roman pastогаl de Bernardim Ribeiro, le premier du genre dans la péninsule Ibérique, "História de menina e moça", édité à Ferrare en Italie par l'illustre juif émigré du Portugal Abraão Usque, à qui nous devons des œuvres mises sous le boisseau par la censure Inquisitoriale.
Ce roman de 1554 est nommé d'après sa première phrase : "Menina e moça me levaram de casa de minha mãe para muito longe", "Enfant à la fleur de l'âge, à peine jeune fille, j'ai été enlevée à la maison maternelle pour aller vers des contrées fort éloignées."