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Lucie Delarue-Mardrus - Lesbos - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Lucie Delarue-Mardrus - Lesbos
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 16 juillet 2014 à 20:24
    Eh oui, au détour du 19e-20e siècles, bien des femmes, qui n'ayant point d'autonomie n'eurent qu'un peu de notoriété vite affacée en littérature, à Lesbos ont payé leur dû. Dans les poésies publiées de son vivant, Lucie Delarue-Mardrus est comme hantée par le sang du cycle menstruel, par la possibilité d'avoir un enfant qui lui ressemblerait et la continuerait, et par une enfance et un pays natal toujours présents par le souvenir le plus précis.

    C'est seulement de manière posthume en 1951 que ses poésies lesbiennes virent le jour. Dans le volume "Nos secrètes amours".

    Je vous en propose un seul poème.

    Portrait

    Une clarté blanche en des habits sombres,
    Des traits durs raillés par une douceur
    D'yeux bleus, de cheveux presque sans couleur,
    Ma garce blonde,

    Des ordres jetés d'une voix de songe,
    Une ouche fraîche au rire rouillé,
    Un regard регvегs mais jamais souillé
    Par le mensonge,

    Au rythme dansant de hanches flexibles
    Un vice natif qui pleure et qui rit,
    Impudique rêve et dernier grand cri
    Vers l'impossible,

    Un désir tout prêt pour toutes les belles
    Ne pouvant finir qu'en se contentant,
    Vérité d'un cœur qui, d'être inconstant,
    Est seul fidèle,

    Une coupe froide en laquelle abonde
    Tout ce vin brûlant d'іпtіmе anarchie,
    - Ma joie et mon mal, ma mort et ma vie,
    Ma garce blonde !




    Le Trésor Informatisé de la Langue Française nous renvoie à ceci pour le mot "ouche" :


    http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=2256085470;


    Bref, un condensé d'enfance !!!


    --------------------------------------------------------------------------


    Poème superbe tant par sa capacité de représentation, par son maniement des mots, par son alliage de la brutalité et de l'ellipse, que par des paradoxes qui d'être énoncés surprennent bien qu'on les ait déjà rencontrés. Superbe aussi par une versification qui fait du décasyllabe un usage tout moderne en ne la coupant pas en 4+6 ou en 6+4, mais en le tranchant en deux -5+5 syllabes - comme on tranche une pomme en deux parts égales. Régularité bien balancée, donc, que le quatrième vers de quatre syllabes vient bousсuler. Régularité qui permet un bonne assise à des propos assez drus !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 17 juillet 2014 à 23:34
    Allez, un deuxième. De Lucie Delarue-Mardrus.

    Par ces nuits...

    Par ces nuits de damnable, impossible désir
    Qui tourmentaient mes sens et creusaient
    mes vertèbres,]
    Pourquoi m'as-tu permis l'ironique рlаіsіг
    De me rouler sur toi longtemps dans les ténèbres ?

    Ainsi, devant l'abîme ouvert de ton amour,
    J'ai sangloté l'horreur de n'être qu'une femme,
    Et j'ai vu ta blancheur renaître au petit jour
    Sans t'avoir possédée entière et jusqu'à l'âme...

    - Ah ! quitter au matin ton corps d'ambre et de lait
    Plus flexible qu'un fauve heureux
    qui se recouche,]
    Emportant la douleur du Ьаіsег incomplet
    Et toute la saveur de l'amour dans ma Ьоuсhе !

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