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Martín Códax - Ondas do mar de Vigo - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Martín Códax - Ondas do mar de Vigo
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 26 janvier 2014 à 18:12
    Martín Códax est un tгоubadour, de langue galaïco-portugaise, c'est-à-dire de cette langue qui est à l'origine des deux rameaux que sont le galicien et le portugais (le galicien et le portugais sont deux langues parfaitement inter-compréhensibles, si bien que l'on peut affirmer, en toute rigueur linguistique, que le galicien et le portugais modernes sont deux dialectes d'une seule et même langue que seules les circonstances politiques, d'une part le rattachement de la Galice à la Castille et, d'autre part, la formation de l’État portugais et de la nation portugaise, ont amenées à diverger autant).



    L'on situe l'écriture des textes de Martín Códax vers 1230. Et nous n'avons aucun renseignement d'ordre biographique à son propos. Le galaïco-portugais étant la langue lyrique de toute la péninsule ibérique chrétienne, nous ne pouvons même pas trancher quant à son origine géographique. Et le fait que la ville de Vigo - située en Galice - soit plus bas évoquée, après tout, n'est pas décisif, à ce propos.



    De lui, il ne nous est parvenu que sept chansons, des "cantigas d'amigo", des "chansons d'ami", dont six ayant leur notation musicale, ce qui est unique dans la tradition littéraire dite "profane", puisque ce sont les seules pour lesquelles nous avons conservé la musique. Ces sept chansons assument une voix féminine ; une narratrice femme dit sa douleur, et son attente, et sa tristesse, alors que son ami, parti au loin, guerroie.



    Les "chansons d'ami" sont singulières, car peu nombreux sont les textes qui assument une voix féminine, durant le Moyen-âge européen. Il y eut des "trobairitz" en langue occitane, dont la comtesse de Die, souhaitant dans une de ses chansons "servir de coussin à son ami" ; Marie de France a écrit des lais en dialecte d'oïl anglo-normand, des lais qui disent des passions amoureuses ; une femme comme Hildegarde de Bingen a écrit des textes mystiques ; Héloïse a écrit des lettres à Abélard (lettres réelles ou apocryphes) et nous avons fait le tour complet de l'expression féminine à cette époque.



    Que des tгоubadours hommes se soient identifiés à des sentiments féminins montrent à quel degré de civilisation la lyrique occitane, et son rejeton la lyrique galaïco-portugaise, ont pu mener. C'est quand même mieux que la guerrière "Chanson de Roland", le chef-d’œuvre français de la même époque.



    Je vous souhaite d'apprécier ce vieux chant d'amour !







    Ondas do mar de Vigo,/Vagues océances près de Vigo,
    se vistes meu amigo?/Avez-vous aperçu mon ami ?
    E ai Deus!, se verra cedo?/Ah, mon Dieu, viendra-t-il bientôt ?



    Ondas do mar levado,/Vagues océanes qui vous enflez
    se vistes meu amado?/Avez-vous aperçu mon aimé ?
    E ai Deus!, se verra cedo?/Et, ah mon Dieu, viendra-t-il bientôt ?



    Se vistes meu amigo,/Avez-vous aperçu mon ami,
    o por que eu sospiro?/Celui pour qui je vais soupirant
    E ai Deus!, se verra cedo?/Et, ah mon Dieu, viendra-t-il bientôt



    Se vistes meu amado,/Avez-vous aperçu mon aimé
    por que ei gran coidado?/Pour qui je suis en grande détresse ?
    E ai Deus!, se verra cedo?/Et, ah mon Dieu, viendra-t-il bientôt ?



    Traduction de Climax.



    Je pense que "verra" est le futur du verbe venir plutôt que le futur du verbe voir. Parce que ce qui est en jeu est le retour, et qu'une tournure réflexive impersonnel pour le verbe voir serait antagoniste au sens d'une chanson d'ami. Mais je peux me tromper. Vous noterez, par ailleurs, une différence entre le texte de la vidéo et celui que j'ai copié : est-ce que le point final de chaque strophe est d'interrogation ou d'exclamation ? Comme les manuscrits médiévaux ne portent, tout au plus, que des points séparant les mots, avec le fait d'aller à la ligne, c'est affaire d'interprétation. Avec un point d'exclamation, la traduction serait : "Et, ah mon Dieu, puisse-t-il venir bientôt !"



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    Une autre chanson d'ami, du même Martín Códax, "Mandad'ei conmigo". Par le groupe galicien Luar na Lubre. Interprétation par une voix a capella très belle.



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