MERCREDI CHEZ PAPY
En notre fin de siècle où tout parent travaille
Quand vient le mercredi que devient la marmaille?
Elle va chez papy. Du quartier Saint Germain
Solène arrive en bus. Victor le lendemain
La rejoint en métro venant des Batignolles.
Il est vrai que tous deux préfèrent les "bagnoles",
Mais visiter Paris du haut d'un gros engin
En chantant tous les airs, couplets avec refrain,
Qu'on apprend à l'école, ou dimanche à l'église,
En dégustant la Seine et quelque friandise,
Représentant pour elle un début de leurs jeux
Et pour ce grand voyage un cadre avantageux.
Pour lui, dès le matin, rempli d'impatience
Il lui tarde de voir celle dont la science
L'éblouit et le сhагmе. Il observe en chemin
Chacun des voyageurs adulte ou bien gamin,
Mais stupéfait rencontre un homme avec moustache
Ayant de longs cheveux et clame pour qu'on sache:
"Regarde un Monsieur-Dame?" Au sourire vainqueur
De ce petit bonhomme, il sait son trait trompeur.
Il critique le noir du tissu d'une robe
Et sur lequel la fleur en couleur se dérobe,
Décompte chaque rame ou du moins jusqu'à cinq.
Admire les tuyaux des toitures en zinc
Et puis en arrivant s'agrippe à la sonnette
Où derrière la porte une fille le guette.
Dans les bras l'un de l'autre ô qu'ils sont beaux à voir!
Après leur embrassade ils ont, pour tout devoir,
De faire l'inventaire des jouets et des livres
Qu'ils dispersent au sol en goûtant quelques vivres,
Bien vite déballés et deux sacs à dos
Remplis par les mamans de ces quelques cadeaux.
Et pour mieux déguster ces douces friandises
la "vidé-cassette" offre des roublardises
d'un tout petit biquet oublié par le loup.
ce film a leurs faveurs. Connaissant chaque coup
Ils apprécient l'esprit de ruse du plus jeune.
Papy décide alors qu'il faut que l'on déjeune.
Pour atteindre ce but on éteint la télé.
Leur festin fait de frite ou poisson surgelé
Est simple à satisfaire. Enfin les sucreries
Crèmes et chocolat répondent à leurs епvіеs.
Après un bref repos on se rend au jardin
Où sur la balançoire ils s'envolent soudain.
Et tout couverts de sable en poussière et de terre
Ils vont à la cuisine. Un sirop désaltère
avant de prendre un bain. Et j'assiste souvent,
Après déshabillage, au spectacle émouvant
De course en farandole à travers le salon,
Qu'en toute пuԁіté, ce couple échantillon
De la flore et du faune en éclatant de rire
Me donnent sans pudeur et que je veux décrire.
Cessant leur course folle ils se plongent dans l'eau
On se délecte alors de ce divin breuvage
Avant de procéder à l'évident lavage.
Essorés et séchés, peignés et revêtus
De leurs nouveaux atours, paraissant courbatus
Ils contemplent alors leurs livres pleins d'images.
Attendant leurs parents ils deviennent très sages...
Lorsque la porte enfin se clos sur leurs talons,
Seuls demeurent en vrac, cubes, jeux et ballons,
Le slence encor сhаuԁ qui paraît insipide,
Tandis que la maison d'un coup me semble vide.