MOI ET MA MEMOIRE
Je m'accepte enfin!
Je m'accepte! Je n'ai, de l'âge, fui les affres,
Qu'attiré par l'appel d'éternelle beauté;
Je ne puis, de mon front, supporter les balafres
Que le temps nous imprime avec sa cruauté.
Les jours s'acсumulaient et s'accroissaient les rides.
Des tempes disparus, blanchissaient les cheveux,
Laissant la peau jaunie, en ses pores arides,
Infliger à l'attrait de cruels désaveux.
Adieu mоп согрs, jadis aimé! Reste ma plume,
Chante encore ma rime et faites moi rêver!
Je pourrais grâce à vous, sans aucune amertume,
M'évadant du présent... au passé me trouver!...
Mais avec ma mémoire...
Mes souvenirs, du plus long temps qu'il m'en souvienne,
Refont surgir en moi l'extase et le bonheur,
-Sans repère et sans âge emportés qui reviennent -
Mes émois et mes pleurs : jours bénis à l'honneur!
La sensation triste ou joyeuse étant mienne,
Dans ce grand tourbillon du monde ultérieur
Chacun ne garde en soi que trace qui soit sienne:
Pour cette éternité: son fort intérieur!
Toi ma tête conserve, en forme olympienne,
Mon sourire ironique éclairant l'oeil rieur,
Et sois, de ma mémoire, encore la gardienne:...
Veille sur ce trésor, au corps, supérieur!