Mon ami, mon аmапt, mon frère,
Comme elle fut brève, notre erre ;
Comme le temps jaloux nous a épiés !
Comme une libellule dans l'évier
Estival, ondoyante et effacée
D'un friselis de vent, tu m'effleuras ;
Et ton vol, arrêté en l'amertume
Des beautés oubliées et réservées
A la mémoire incertaine qui vient,
Esquissait à peine une demi-lune,
Une arête en sa clarté estompée,
Quelques traits fugacement étirés,
La noirceur éclaircie de ton visage,
Ton sourire englouti par ta maigreur ;
Et cependant l'ardeur qui reste encore,
Le masque lancinant de ton sourire
Vivement imprime en mon souvenir :
Et je te revois, toi qui cheminais
A pas craintifs de chat, de chat maltais,
De loin m'apercevant, me conduisant
A m'engloutir dans ton regard sévère,
Farouche, tгапsperçant, et ligotant,
Tempéré par ta carnation d'éсume,
Modelé d'un amour qui ne déviait.
Je ne croiserai plus ta paupière :
J'ai essayé de clore à ton cadavre,
Qui n'avait de repos ni aucun havre,
Une paupière éclose et taciturne
Dans l'épaisseur éteinte de cette mort,
Et c'était bien en vain ; ailleurs ton œil
Fait sa demeure en moi, loin du cercueil ;
Tu es ma primevère, mon tournesol,
Mon trèfle à quatre feuilles, qui me console.
Puissamment tu me berces en ton ampleur
De luisant Portugal, donnant midi
A toute heure, et encore, et maintenant.
Climax.