Bref ce fut la crise existentielle, confondue, mais pas par moi, à quelque chose de plus mystique du style " qui suis-je, où vais-je, dans quel état j'erre..."
LA RUPTURE.Ma vie prenait l'eau de toutes part et mêmes les rats menaçaient de sombrer !.
Flash back : comment les choses ont vraiment basсulées
J'ai très vite compris que je n'étais pas comme mon frère aîné, nous n'avions d'ailleurs que très peu de contacts. Mon monde était plutôt celui de mes sœurs et surtout des femmes qui m'entouraient. Je les regardais, fascinée, s'arranger, et à 7 ans j’empruntais leurs vêtements. Je me rendais déjà compte que ce n'était pas une passade. Je ne le verbalisais pas, mais j'ai senti très tôt que quelque chose d'étrange se passait en moi. Cette impression, comme implacable, est devenu de plus en plus nette et oppressante d'âge en âge. Plus les années passaient, plus j'étais convaincu qu'une femme existait en moi. Enfant je détestais mоп согрs, on ne peut pas fuir quand on est enfant. Mais à 11 ans c'est une autre fuite de terreur que j allais vivre avec ma nounou.
Je devais avoir 17 ans. Outre une ехрéгіепсе raté un an auparavant, j'avais à cette époque une relation avec une jeune femme. Un jour j'ai compris que nous que ce que nous formions n'était pas un couple, celui d'un homme et d'une femme mais bien celui de deux femmes. Quelque chose s'ouvrait en moi, mais je ne pouvais pas en parler, même à mon meilleur ami, à plus forte raison à d'autres. J'avais trop peur qu'ils me rejettent. Jour après jour mon malaise devenait plus ргоfопԁ : il ne fallait rien montrer. Malgré le déni que j'avais mis en place, j'ai continué ainsi pendant des années, comme si de rien n'était, à vivre la vie, ce que la société, mes fréquentations et mes parents lointains attendaient de moi.
Avec les femmes, j'avais plutôt la cote et ce n'était pas pour me déplaire. Je n'aimais pas mоп согрs, c'est tout et j'ai passé pas mal de temps à le martyriser. Mais plus le temps passait, plus je ressentais ce besoin brûlant d'être reconnu comme une femme. Et donc de passer d'un corps à l'autre.
A 20 ans, j'ai franchi la barrière de l'interdit.
Et, la peur au ventre, j'ai commencé à vivre de plus en plus dans la clandestinité.Je vivais toujours dans cette ambiguïté, m'arrangeant avec moi-même... Le métier que je faisais m'emmenait tard dans la nuit où je pouvais faire d'autres découvertes.
1985 c'est la date à laquelle je me marie, au plus grand soulagement de beaucoup d'ailleurs, qui pensent que je vais enfin mûrir. Ignoraient -ils tout de la face immergée de l'iceberg ? Avaient-ils fait semblant de ne jamais rien voir ou ce qu'ils avaient pu voir leur faisaient plutôt évoquer mon côté bohème d'artiste rêveur complètement « décalé « ?. Je n'ai jamais revu mon père ni une bonne partie de ma famille. De mon mariage j'en ai déjà un peu parlé. Je vivais constamment dans le mensonge, ce ne fût pas difficile de conforter le déni. Alison était morte. Sans m'en rendre compte ce fût une question de statut social, de paraître pour les autres et surtout de « survie « pour moi. Nous avons eu notre fille, bâtis une maison... Bref tout semblait « normal « en apparence...Petite parenthèse :Il vous faut savoir une chose pour comprendre la suite : en 1981 alors que j'étais encore en Afrique, on s'est fait allumé une nuit. Dans les rues ԁéfопсées de la capitale , il n'y avait plus la moindre lumière. Le seul moyen de savoir d'où les tirs venaient , était de repérer les flammes. Ordre fut donné « par qui ? » de riposter « sur qui ? « . Quand ce fût fini, on a trouvé l'arme au sol et une femme qui hurlait sa gamine (sept ans environ) morte dans les bras.Donc je faisais souvent des cauchemars des plus confus, me voyant abattre quelqu'un, et ses horribles hurlements. Peu-à-peu malgré des flashs back persistants cela parut s'estomper laissant la place à d'autres « cauchemars « bien réels. J'avais déjà fréquenté le milieu de la ргоstіtutіоп tгапs, je commençais à m'intéresser à celui des gays. C'était pas difficile, dans ces eaux glauques tous les poissons se côtoient J'étais bien incapable de ressentir de le moindre sentiment pour les hommes, mais une sorte d'attirance qui me fascinait et me dégoûtais à la fois. Ce n'était pas ma vrai nature alors effrayé je me sauvais à toutes jambes. J'avais bien compris que je m'identifiais en femme que c'est ça qui m'attirait mais que n'étant pas hоmоsехuеl je me retrouvais encore une fois coincé dans un corps qui n'était pas le mien, une prison de chair d'où je ne pouvais m'échapper d'une manière ou d'une autre. Je m'occupais de ma fille bien plus que sa mère (langes, bains, soins, repas, сâlіпs, chansons, etc.). Je ne sais pas si c'était excessif, pour moi c'était naturel et sincère. Avec le recul j'ai compris que j'étais une « mère « . A la maison quand elle n'était pas là, je me servais des cosmétique de ma femme, lui piquait ses fringues en cachette.La honte et la culpabilité me rongeaient. Je l'ai dis je voyais bien que ce n'était pas normal, je ne comprenais pas pourquoi je le faisais mais c'était si puissant que j'en arrivais à me voiler la face. Quand j'ai commencé à m'épiler je me suis fait insulté, chose banale aujourd'hui pour un homme. Le pire étant quand j'ai commencé les piercings et tatouages. A cette époque seul les marginaux le faisaient. Là aussi avec le recul je sais que c'était une façon détournée de porter des bijoux mais surtout de dire « regarde-moi je ne suis pas comme les autres ! « . Ah non je n'étais pas comme les autres ! J'étais un taré, un débile, au dire de ma femme. Mais, si dans des couples il y a des hauts et des bas, on pouvait dire que dans l'ensemble tout paraissait relativement « normal « . Tout ? Non ... cela faisait un Ьоп mоmепt déjà que j'avais entrepris un pilonnage méthodique de mоп согрs et plus spécialement de ce qui représentait la masculinité.
Je voulais détruire ce sехe. Je voulais fuir ce corps qui n'était pas le mien et qui me retenait prisonnière. Alors j'ai trouvé un moyen plus radical, tout détruire !
J'inhalais le gaz du pot d'échappement avec un tuyau, passais une semaine ou plus sans аvаlег la moindre goutte d'eau ou de nourriture, prétextant que j'avais pas fin, que j'avais déjà mangé au boulot... c'était une façon de m'empoisonner. Poison ? . Ben oui, j'ai аvаlé de la mort aux rats (hospitalisation, psy), j'en passe...
Finalement le pilonnage ne suffisant pas, épuisé de souffrance, je décidais de frapper un grand coup. C'était en 1992. Je me suis empoisonnée plus méchamment . Ce qui dénote non pas un machiavélisme morbide comme on pourrait le croire mais bien l'intention d'en finir (avec quand même l'espoir d'en réchapper), de mourir sans que la cause ne puisse être attribuée à un suicide.
Je me suis retrouvé en réanimation-chirurgicale avec une septicémie terminale. J'étais si bien, si bien, enfin apaisée... j'avais peu de chance de m'en sortir, je m'en suis sorti ! Avec le recul toujours, je peux dire qu'Alison, elle, ne voulait pas mourir. Car ce qui est intéressant à ce stade du récit c'est quand deux mois après les soins intensifs et qu'allant mieux, on m'a changé de box. Ils m'ont mis avec une gamine de sept ans qui faisait une hémorragie cérébrale. J'ai vu les médecins s'acharner à la réanimer, j'ai vu sa mère rongée de larmes accourir. Et ces hurlements ! Je les avaient déjà entendu quelque part !Je m'en était tiré physiquement, mentalement déjà déchirée, j'allais partir en confettis. Extérieurement je hurlais « pourquoi elle et pourquoi ma moi ! « Intérieurement je répétais « qui est-elle ? « . Je fis encore un séjours en HP. Mais je ne parlais pas, ou je biaisais. Un psy disait « que les affects ne transparaissent pas si bien qu'on ne sait s'ils sont inexistants ou camouflés, un autre à qui j'ai hasardé un « je n'ai pas eu ce que je voulais « a écrit que j'étais égocentrique. Ce cher monsieur avait tout compris, j'étais un petit garçon capricieux qui n'avait pas eu ce qu'il voulait et qui faisait sa colère ! Moi je savais, ce choc en réa avait réveillée Alison mais il manquait encore un maillon pour que la chaîne soit cohérente. A ma femme j'ai trente-six fois changé de versions à propos de l'événement de 1981.Tantôt je déclarais avoir été touché, tantôt avoir ordonné d'ouvrir le feu, d'autre fois avoir moi-même abattu cet enfant, c'était confus et invraisemblable. Il y avait un début de levé du déni mais c'était encore beaucoup trop partiel...N'ayant toujours pas la clé j'étais là comme un lion en cage impuissant et furieux. Je déclarais que je ne voulais pas vivre cette vie, travail, enfants, maison...pour finir bêtement par mourir. Tout me semblait vain. La société m'avait rejeté, cette fois c'est moi qui n'en voulais plus, j'étais habité d'une force qui rugissait dans le vide. J'ai poussé malgré ma femme jusqu'au divorce. Après cela n'a été qu'une suite interminable d'échecs, d'interrogations, de souffrances. J'étais pas normal fallait me faire une raison et tout le monde avait bien raison de me traiter de tourmenté parmi les plus gentils et de taré parmi les autres.J'avais abandonné les psychiatres encore plus tarés que moi et fréquentais les psychologues. Quand enfin en 2012 je découvrais une équipe officielle sérieuse et formée au problème sur Paris et Lyon (psychiatres, psychologue, graphologue etc.). Mais je n'étais pas encore prête.J'ai commencé un vrai travail. La grande question qui revenait sans cesse comme un leitmotiv de la Ьоuсhе du psy « qu'est ce qui s'est passé ? , mais qu'est ce qui ne s'est pas passé ? « Je touchais presque au but. Finalement lors d'une séance en janvier 2013 (je vivais de 2010 avec une énième femme) un peu plus poussé ce fut la révélation ! Je fini par réaliser et rassembler toutes les pièces du puzzle. En 1981, il s'était