Prêter l'oreille
aux riens
nous fait l'âme en volière !
Les paupières du silence recouvrent un puits,
Les regards incompris, les regards retenus,
Les faces désertées, les visages engloutis,
Les mots jetés en vrac, les mots inaboutis.
Nous parlions rarement, misère des journées,
Discrétions des tendresses, infinis des regrets,
Les mots nous sont opaques très radicalement,
Les mots sont étouffés et n'abandonnent pas
A la bonté de l'autre, nous restons en lisière
Et connaissons à peine la forme du visage
Nous donnant un Ьаіsег, passe la silhouette
Dans le temps et la tête, nous sommes les vampires
De nos bonheurs présents, et nous leur tenons tête
Par la virilité des mâles éduqués
A ne pas reconnaître, à éluder leur être
De sрегmе et d'engouement, à ne pas voir les herbes
Des gazons du Vercors, nous pleurons notre mort
Dans notre vie présente, et ignorons la tige
Des chагԁons aériens, des bleuités dansantes,
Nous sommes un escargot mordu par la salive !
Les mots ont des absences pendant toute une vie
Et, criblés des non-dits, pèsent en catimini,
Sur le bout d'une langue se dessèche un discours,
Au bout des mutités il n'est que le secret.
Il n'est pas de recours, mais la course en avant
A bien des paysages, et les tailles félines
Et les gueules naïves des gars férocement
Armés de leurs toisons, des mâchoires carrées,
Des jоuіssапсеs muettes, des carrures d'athlète,
Nous déploient l'univers des brisures du cœur,
Le dépliement des mots a lieu à tout amour,
Prêter l'oreille aux riens nous fait l'âme en volière !