ODE AU SOLEIL
Toi que personne n'a vu naître
Et que nul ne verra mourir,
Dieu se cache-t-il dans ton être,
Afin de mieux nous éblouir?
Toujours suspendu dans l'espace,
Clarté de tous, globe de feu,
Devant toi l'éternité passe :
Des astres n'es-tu pas le dieu?
Quand tu subjugues la nature,
Tous les astres te font la cour;
De ta flamboyante ceinture,
Sur eux tu répands ton amour.
Ils te présentent leurs hommages,
Valsent tous les jours devant toi,
Et, sous tes Ьаіsегs, leurs visages
Sont heureux de subir ta loi.
Tu fais mûrir sur tous ces mondes
Les fleurs, les fruits et les moissons ;
Рéпètгеs jusqu'au fond des ondes
Egayer les petits poissons.
Quand tu commences la journée,
Les oiseaux s'ébattent joyeux ;
Même à la fin de ta tournée,
Leurs chants te font leurs doux adieux..
Guettant, à travers la feuillée,
Ton retour de chaque matin,
C'est à qui, de la gent ailée,
Sera gracieux et mutin.
Par toi tout respire et s'anime,
Tout l'univers est radieux ;
De l'infini comblant l'abîme,
Tu rebondis jusques aux cieux.
T'abreuvant dans la mer ргоfопԁе,
Tu prends aux grands amas des eaux
L'eau qui fertilise et féconde
Vallons, plaines, monts et coteaux.
Pour tous, tu veux être visible
Et dorer tous les horizons ;
Ta сhаlеuг se rend divisible,
Fait les climats et les saisons.
Dans ta majesté souveraine,
Tu fais vivre petits et grands
Et répands ton ardente haleine
Sur les bons et sur les méchants.
Mais ta resplendissante image,
Qu'est-elle auprès du créateur
Ta gloire n'est que son ouvrage,
L'univers est à son auteur.
Ton mаîtге, ce grand architecte,
Se révèle en tout, et pour lui
Notre monde n'est qu'un insecte
Dont il est le centre et l'appui.
Et sa gloire se manifeste
Plus encore dans l'être humain,
Lequel n'est qu'un reflet modeste
Du pouvoir de ce souverain.
Et toute ta magnificence,
Celle des mondes infinis,
Qui peuplent notre voûte immense,
Sont des atomes désunis.
La pensée est une et divine;
Les hommes en sont des débris,
Dont chacun est une étamine,
Du Dieu que nous avons surpris.
Il se cachait parmi son oeuvre,
Aimant à se faire chercher;
Comme toi, l'un de ses chefs-d'oeuvre,
Nous le voyons, sans le toucher.
Toi que personne n'a vu naître,
Et que nul ne verra mourir,
Un Dieu se cache dans ton être,
Afin de mieux nous éblouir.
Bonne journée à Tous