Suggestion lecture...
Un livre que j'ai eu le рlаіsіг de lire dernièrement, même s'il m'a fait revivre d'atroces moments vécu pendant cinq ans alors que j'étais au secondaire (le lycée pour vous), les cinq pires années de ma vie, durant lesquelles j'ai subi des préjudices moraux et physique parce que certain de mes copains de classe croyaient que j'étais une tapette, en plus j'étais premier de classe, ce qui faisait encore plus chier ceux qui me harcelais, eux-même que je devais aider alors qu'on formait des groupes de travail en classe, les meilleurs aidaient ceux qui ne comprenaient jamais rien.
Je voulais être vétérinaire ou pharmacien, mais j'ai dû me résoudre à quitter l'école au milieu de ma cinquième année de secondaire parce que je n'en pouvais plus, je simulais constamment la maladie pour éviter d'aller en classe, un soir j'ai dit à mon père que je voulais quitter l'école, son visage est devenu blanc, j'étais le seul des trois gars de la famille qui s'alignait pour avoir une belle carrière, je sais que je l'ai ргоfопԁément déçu parce qu'il avait beaucoup d'espoir en moi et m'encourageais.
Au bout d'une semaine, un soir il s'est assis devant moi et m'a dit "tu veux quitter l'école et je veux savoir pourquoi", j'ai refusé de répondre en pleurant comme un gamin, il m'a alors dit, "ok c'est ta vie tu en fais ce que tu veux, quitte l'école je t'en donne la permission, mais ne viens pas me le reprocher plus tard" aujourd'hui je ne regrette rien, c'est certain que mon salaire n'est pas celui gagner par un pharmacien ou vétérinaire, mais je m'en suis quand même pas mal sorti, j'aimerais tant retrouver ces types qui ont gâcher une partie importante de ma vie et leur casser la gueule, je sais que ce n'est pas le bon geste à faire, mais ça me soulagerait tellement.
À 44 ans, l'acteur et animateur Jasmin Roy raconte son traumatisme scolaire dans un essai qui dénonce la violence et les agressions homophobes entre enfants à l'école. Osti de fif! est un plaidoyer pour que la société cesse de sacrifier des «trésors en devenir». Coup de gueule.
Publié aux Intouchables, Osti de fif! arrive donc comme une douce brise printanière dans la frileuse morale ambiante. Jasmin Roy vient nous rappeler que, hélas, l'homophobie est plus forte que tous les acquis et les politiques sur les droits des gais. Parce que l'homophobie frappe très fort, très tôt, et pas n'importe où: à l'école, le berceau de l'apprentissage de la vie en société.
Après avoir été ostracisé, battu et humilié au primaire et au secondaire, Jasmin Roy a dû apprendre à vivre avec des handicaps émotifs graves, et rebâtir son estime personnelle de peine et de misère. L'auteur admet avoir mis près de 30 ans, avec pas mal de thérapies et de médications, pour s'en remettre et enfin... s'aimer. «Ça va beaucoup mieux aujourd'hui», confie-t-il au Devoir, à quelques jours du lancement d'Osti de fif! (qui a lieu aujourd'hui dans une école secondaire du Plateau Mont-Royal). «Ce livre m'a aidé à me libérer d'une terrible chose: la honte. J'ai encore des moments où la peur remonte, mais j'arrive à la contrôler.»
«Osti de fif!» Trois mots que Jasmin Roy a entendus ad nauseam durant son enfance. «Tous les matins, j'arrivais à l'école en sachant que j'allais me faire tabasser et insulter devant tout le monde, et que personne ne ferait rien.»
Jasmin s'isolait durant la récréation. Il n'osait pas parler aux autres élèves. Il se retenait même d'aller aux toilettes, par crainte de recevoir des coups des grands! S'il devait y aller, on lui lançait: «Ріssеs-tu assis, la Jasmine?»
Le futur comédien avait alors seulement deux amis: un garçon efféminé qui subissait ce même calvaire et un enfant d'un couple de témoins de Jéhovah qui avait le malheur d'avoir des parents différents.
Peu à peu, Jasmin Roy a commencé à avoir des séquelles en dehors des classes. Physiques et psychologiques. «La nuit, j'avais des terreurs nocturnes. Je faisais de l'anxiété, de l'insomnie. Au milieu de la nuit, je me réveillais et je tremblais ԁапs mоп lіt. Je me levais pour vomir. Ça m'arrivait trois ou quatre fois par semaine. Mes parents ont consulté un médecin. Il a diagnostiqué "un estomac nerveux". Or, je crois que si à l'époque j'avais vu un thérapeute, il m'aurait dit que je faisais une dépression majeure...
— Quel âge avais-tu?
— Onze ou douze ans.»
Des dommages collatéraux
Jasmin Roy a décidé de rendre son histoire publique parce qu'il s'est rendu compte que, 30 ans après avoir été victime de violence homophobe, c'est toujours du pareil au même dans les écoles. Partout au Québec. Autant en région (là où les déboires de l'auteur ont commencé) que dans les grandes villes. «Je n'arrive pas à comprendre pourquoi des jeunes sont encore en 2010 victimes d'agressions homophobes. Pendant combien d'années encore verrons-nous des élèves se faire meurtrir sur les bancs d'école?»
Il a écrit cet ouvrage pour interpeller les professeurs et les directeurs d'école, mais aussi les parents et les gouvernements. Car le harcèlement des élèves «présumés» hоmоsехuеls (ironiquement, ces enfants sont trop jeunes pour être fixés sur leur orientation sехuеllе!) dépasse la simple cruauté des élèves entre eux, à un âge où ils ne se rendent pas compte des conséquences. À cause du silence, parfois complice, de nombreux professeurs et intervenants scolaires, les dommages collatéraux sur les enfants sont énormes.
«Ça brime l'avenir de plusieurs jeunes gais et lesbiennes pas assez résilients pour s'en sortir, déplore Roy. On le constate avec le taux élevé d'aЬапԁons, d'échecs, de troubles d'apprentissage et de faible estime de soi chez les jeunes gais. On sacrifie leurs avenirs. Certains jeunes auraient pu accéder aux études supérieures, mais décrochent parce qu'ils sont brisés.»
Et le soutien des parents? «Même les parents les mieux intentionnés peuvent difficilement réparer les torts, répond l'auteur. Leur intervention aggrave souvent les cas. Et ils ne peuvent pas être chaque jour à l'école pour protéger leur enfant...» Sans oublier que la majorité des adolescents gais n'osent toujours pas parler de leur différence à leurs proches.
Tolérance zéro
Selon l'auteur, c'est au milieu de l'éducation de réagir et de «mettre ses culottes». Roy constate qu'il y a très peu d'agressions homophobes avant la 4e année du primaire. Il faut donc intervenir dès les premières années.
«Attention, je ne dis pas d'enseigner la sехualité au primaire. Mais d'aborder l'égalité des gais et des lesbiennes au Québec. D'autant plus qu'aujourd'hui, il y a des enfants nés dans des pays où l'hоmоsехualité est criminelle. Des fils d'immigrants qui affirment que dans leur pays d'origine, on emprisonne les gais, on les exécute, ou encore que c'est "une maladie de Blancs". Ça devrait être tolérance zéro pour ce genre de propos!»
L'auteur tenait mordicus à son titre choquant. Chaque jour, dans une école près de chez vous, cette expression est scandée librement entre les élèves, et personne ne réagit. «Au mieux, dit Jasmin Roy, on avertit les enfants d'arrêter de sacrer! L'école doit intervenir, mettre des balises, des règlements clairs, interdire certains mots: tapette, fif, fifi, moumoune...»
«Pourquoi laisse-t-on des jeunes se faire battre dans une cour d'école, en prétextant que ce sont des chicanes d'enfants? Pourtant, c'est un espace public. Si un élève se fait attaquer dans la rue à côté de son école, il a des recours contre ses agresseurs.»
Le livre de Jasmin Roy se termine avec de courts témoignages d'étudiants ou d'ex-étudiants victimes de violence homophobe. Parmi eux, celui de Jonathan est troublant. Jonathan était un élève brillant au primaire qui se passionnait pour le patinage artistique. Au secondaire, il a été dans une école à Saint-Eustache qui offre un programme en sports-études.
Erreur! Il va vivre un calvaire de cinq ans. Comme en témoigne ce passage: «Pour résorber son problème de harcèlement, les autorités de l'école ont mis Jonathan en quarantaine. [...] Il devait sortir des cours dix minutes avant la fin de chaque période et entrer en classe dix minutes après les autres élèves. Durant les récréations et les heures de dîner, on le cachait à l'administration en l'isolant, comme une calamité.»
Jonathan ne pratique plus son sport préféré. Il aurait aimé être médecin; il espère maintenant devenir préposé aux bénéficiaires. À 23 ans, il a déjà essayé de se suicider à deux reprises. Il est actuellement suivi en psychiatrie.
Tout ça, parce que Jonathan est un «osti de fif»...
BONNE LECTURE !