Mon tout, mon tout fou, dit l'amoureux à son ami аmапt, avec des accents de séduction qui lui voilent la voix, mais tout reste au-delà de ces propos ; tout ne se laissera pas cerner, car si vous parveniez à établir autour de lui une enveloppe le contenant, tout ne serait pas tout, ce qui ne peut être ; tout n'est pas un bout de chemin, mais une zone indéfinie que traversent, de manière cavalière, des droites parallèles qui se rejoignent vers un infini pour mieux s'entrecroiser et se séparer avant de se lover l'une dans l'autre, dans ce qui paraît un non-lieu ; tout a des allures de gazelle timide, malgré son nom imposant comme un poids lourd sur une route de campagne, et tout a des ressorts іпtіmеs qui voguent au travers des univers inachevés, toujours en partance et se recomposant au gré d'une humeur qui ne dépend même pas du hasard ou de la contingence ; tout est un omnivore sans estomac, qu'il ne peut avoir dans les talons, et une amibe solitaire à la taille ХХL du grand ensemble des ensembles ; c'est un virtuose du violon, il vous emprisonne en moins de deux, car il est un, entier, insécable, incoordonné, imbuvable ; et sa tête absente de Méduse propage en vous la peur des grands espaces ; allez, ԁіlаtеz, ԁіlаtеz sans plus tarder ce maigre souffle, posez-le sur la surface à peine esquissée des choses inapparentes dans le grand tout ; et retournez le tout, comme un gant, pour discerner ce qu'il a dans le ventre ; oui, soyez, si vous pouvez être, face ou à côté ou dans tout ou malgré tout, et peut-être accéderez-vous au tout, c'est-à-dire à rien, à un rien ; mais, là, vous vous avancez trop, car tout n'est pas rien, et encore moins (ou plus) un rien ; tout est une ivresse, une tendresse qui vous colle à la peau, et vous métamorphose en cet Univers des univers, ce multivers, que vous ne concevrez jamais, que vous imaginerez peut-être ; tout vous échappe, tout tombé entre vos mains est broyé, sa légèreté substantielle ne souffre de contact, tout se dissipe, et tout dissipé se montre enfin tel qu'il est ou n'est pas, sous la clairvoyance aveugle des serments donnés pour toujours et à jamais à un amour perdu qui voyage à travers tout ; et tout n'a pas de clôture, pas de moyen terme, pas de début, il est homogène dans sa diversité, et divers dans son homogénéité, tout est un masque, tout se démasque, et un visage efface un autre visage, indéfiniment.
Climax69007.