Pépère :en rimes embrassées.
Trottinant dans ses pas, mais j'avais pour soutien
Ma menotte d'enfant dans ta poigne calleuse,
Et mon coeur jouissait de la jeunesse heureuse
Du frêle petit-fils si fier d'être le tien.
Par les champs ou les prés nous riions, on chantait
Je buvais tes propos comme à la régalade.
Ton humour provoquait de grandes "rigolades"...
Vivre en pleine nature, avec toi, m'enchantait.
Nous marchions en tous lieux, le long deschemins creux
Que j'emprunte, aujourd'hui jalonnant nos balades,
Mais jamais je n'entends, ce qui me rend malade,
L'écho de notre joie et j'en suis malheureux...
Plus de chant des oiseaux, ni furtif des grillons,
Qui te donnaient alors tant de coeur à l'ouvrage,
Lorsque les gerbes d'or voguaient jusqu'au bocage
Sous le soleil ardent des pénibles moissons.
Je ne reverrai plus le pas lourd des chevaux,
Pas plus que des moutons leurs сhаuԁs manteaux de laine
Près de ta silhouette en cette morne pleine,
Où je te cherche en vain et par monts et par vaux!..;
On n'entend pas non plus, depuis que sous sa faux
La camarde t'a pris, le son de la comtoise
battre en son lourd tic tac... Sous le poids des ardoises
La charpente s'effondre sur les murs de tuffeau
De ce tendre refuge où l'âtre ronronnait...
Sans doute en agaçant une vieille bouilloire
Qui contait en sifflant, pour moi, ta rude histoire...
Chaleureux sentiments?... ou feu...? Qui rayonnait?...
Tu ne pus, autrefois, encore adolescent,
Que connaître la guerre et l'effroi des tranchées
Images de jeunesse aux années retranchées
N'inscrivant que l'horreur et l'âpre odeur de sang...
Ne survivre en boyaux qu'au milieu des mourants
Ne pouvait exalter qu'intense soif de vivre
Respirer cet air pur dont la senteur enivre,
Chanter à pleins poumons quand l'епvіе vous en prend...
Tu pouvais apprécier enfin la Liberté,
La faire partager à ta progéniture.
Et j'admirais en toi: ta force et ton allure,
Ton sourire si beau et dans l'oeil sa clarté.
Parfois tu me contais ces effroyables jours
Qui, jadis s'abattaient sur notre pauvre France
Douloureux, ces récits me cachaient ta souffrance
Au coeur de la mitraille et loin de tes amours.
Ton mégot rougissait au bout du tabac gris
Pour happer sans vergogne un poil de tes bacchantes
Qui partait en fumée aux langueurs des tourmentes
Après avoir crissé tout crépu, puis flétri.
Quand l'éternelle nuit sifflera le flambeau
De notre ultime éclat " veille des vieilles lunes",
La commune affection, d'autrefois ma fortune,
Sera dernier soupir au seuil de mon tombeau.