Je suis depuis peu sur ce site ,et déjà assaillie de proposions ou de profils qui ne me conviennent vraiment pas. Moi je cherche l'amour et pas des рlапs сul. J'ai dépassé tout ça et ma vie est celle d'une femme ordinaire avec des désirs de femmes.
Voici ce que j'ai écrit au tribunal à une époque où je demandais mon changement d'état civil/
Aujourd'hui tout ça est loin derrière et je vis ma vie pleinement heureuse.
Madame, Messieurs, les juges, le tribunal
Une transition pour quoi faire ?
Pourquoi changer d’état civil ?
NE pas faire cette transition c'est comme tenter de vivre sans respirer. On y parvient quelques temps mais on finit par en crever. La faire tout simplement parce-que c'est VITAL !!!! Et qu'à un moment on ne peut plus vivre en étant quelqu'un d'autre... OU MOURIR...
Moi j'ai choisi de vivre ma vie, ma vraie vie à plein poumons et j'en suis infiniment heureuse !
On peut se poser la question. Après tout, à quoi bon ? À quoi bon effectuer un travail sur soi, tâcher de s’accepter, remettre en cause tout ce que l’on a appris ? À quoi bon briser les interdits et les tabous, surprendre son entourage, si c’est pour risquer de le perdre ? Pourquoi mettre en danger ses relations sociales, son cercle familial ? Pourquoi renoncer à la sécurité dans la rue, à la sérénité dans la Rencontre de nouvelles personnes ? Pourquoi devenir un objet de débats dont la liberté est mise en cause par ceux et celles qui se permettent d’avoir leur mot à dire… sur nos vies ?
Car c’est de cela qu’il s’agit : en sortant « du placard » (c’est de là que vient l’expression « coming-out », si vous la connaissez), en acceptant sa Тгапsidentité et en commençant une transition (sociale, hormonale, administrative ; quelle qu’elle soit), on sort de la citoyenneté au sens où elle est entendue de manière habituelle, et on devient un sujet politique qui n’a plus réellement le droit d’être sans que cela soit porté au débat et remis en cause par certaines personnes. On sort de la norme en modifiant son corps qui sort ainsi de ses standards, ou même simplement en acquérant une forme de socialisation à laquelle on n’est pas censé avoir accès. Du point de vue de la plupart des croyances officielles et surtout des dogmes, on devient une abomination : c’est le niveau supérieur de l’hérétique, qui se contente d’avoir les mauvaises idées. Nous accédons au statut de mauvaises personnes, et nos corps sortent de ce qui est acceptable et de ce qui devrait être. Plus généralement (mais pas sans influence des religions et de leur rayonnement culturel), on est ni plus ni moins des monstres dans le regard des gens.
Le cliché de la personne tгапs, c’est celui de la ргоstіtuéе du bois de Boulogne (ou autres), de la personne tгаvеstіе qui n’est pas crédible un seul instant et qui apparaît encore une fois comme monstrueuse aux yeux du peuple. C’est un épouvantail que l’on brandit en mise en garde pour les personnes qui seraient tentées de s’éloigner des normes du genre qui leur a été attribué à la naissance. Et ça fonctionne vraiment très bien : pendant des années durant, nombre d’entre nous demeure bien sagement dans le rang, souffrant en silence afin de ne point s’aliéner, afin de ne pas commettre d’interdit social, d’éviter s’exclure de facto de la société en intégrant une minorité tournée en ridicule par la culture populaire. Les personnes tгапs dans leur majorité ne révèlent jamais leur tгапsidentité, et finissent par mourir (que ce soit de leur suicide ou non) sans jamais admettre leur différence.
Il est donc très légitime de s’interroger. Est-ce que ça vaut le coup, vraiment, de ne plus faire partie de la norme sociale, de s’éloigner des stéréotypes pour enfin assumer son identité et la façon dont on souhaite s’exprimer ? Est-ce que ça vaut le coup, de modifier son corps de façon irréversible afin de donner à autrui une image plus proche de ce qui est attendu lorsque l’on souhaite un tel retour ? Dans mon cas, est-ce qu’il fallait vraiment que je féminise mоп согрs avec des hormones afin de pouvoir être une FEMME aux yeux des autres alors que j’aurais pu me contenter de savoir qui je suis sans en parler, et en niant le regard d’autrui ?
Comme souvent, chaque personne saura trouver ses propres réponses.
Pour ma part, j’ai fini par réaliser que ce rôle masculin (pour autant dénué de virilité) que je m’imposais afin de maintenir les convenances sociales… me rendait, en fin de compte, vraiment malheureuse. Qu’il m’était, en réalité, impossible de CONTINUER dans cette voie, niant perpétuellement ce que j’étais. Me mentir n’avait finalement pour effet que de me rendre éternellement insatisfaite et malheureuse, alors que j’avais matériellement et socialement tout ce qu’il semblait que je doive avoir pour connaître le bonheur. Un travail bien payé, des amis, une famille aimante et m’ayant toujours soutenue dans mes choix… la peur de perdre tout cela contribuait néanmoins à me retenir de faire le pas. J’ai fini par réaliser que quel que soit mon déguisement au quotidien, quel que soit le rôle que je jouais, j’étais déjà différente. Mon décalage par rapport aux autres ne cessait finalement de se confirmer. Ma frustration était vaine : je me niais, je m’empêchais d’être ce que j’étais réellement, mais en le faisant je ne m’excluais pas moins. Car ma différence, je la portais en moi, et je ne parvenais pas suffisamment bien à jouer la comédie pour rentrer dans le rang.
J’ai compris que je n’avais aucune tare psychologique et que mon identité de genre n’était pas une passade ou un fапtаsmе ; quoi qu’il en soit, que je n’avais pas à avoir honte pour quelque raison que ce soit. Ce fut difficile et cela m’a pris bien des années. C’est en réfléchissant au passé, en faisant des rétrospectives, que je me suis rendue compte qu’en effet, je n’ai jamais été un garçon. Qu’en effet, toujours, j’avais eu cela en moi. Que je n’ai pas de souvenirs qui n’incluent cela d’une manière ou d’une autre. Cela m’a aidée à l’admettre, cela m’a aidée à comprendre que cela n’avait rien d’une phase, d’une lubie. Le besoin d’être enfin considérée telle que je suis est devenu peu à peu irrépressible, à mesure que je m’acceptais, que je constatais autour de moi qu’une autre vie était possible, que d’autres avaient franchi le pas, que je n’étais pas obligée de me cacher toute ma vie. J’ai également ressentie la peur de m’y prendre trop tard, d’attendre trop longtemps et de constater finalement que la testostérone aurait sur moi fait bien trop de dégâts. Les moments où je pouvais être moi-même DEVANT d’autres personnes et sans en ressentir le moindre jugement de leur part devenaient des bulles de bien-être, m’ôtant un poids que je portais tout au long de ma vie sans même m’en rendre finalement compte. C’est comme un bruit persistant auquel on finit par s’habituer au fil des ans, et qui cesse brusquement. On remarque soudainement qu’il était là, et même qu’il nous dérangeait vraiment, mais que le temps a fini par nous en habituer jusqu’à nous empêcher d’y penser. Le dérangement, dans mon cas, allait jusqu’à m’en rendre malheureuse, car j’étais réduite au silence, je me cachais, je n’exprimais pas réellement ce que j’étais. Mon miroir me renvoyait une image que je ne considérais simplement pas comme la mienne, qui ne m’apportait aucune satisfaction ni reconnaissance. Je N’EXISTAIS pas vraiment.
J’ai passé plusieurs mois à fréquenter une association, à m’y présenter sous mon prénom et genre revendiqués, habillée telle que je le souhaitais, maquillée, coiffée ; mais sans pour autant avoir débuté de traitement hormonal d’aucune sorte. Au début, je venais habillée en garçon, et je me changeais dans un petit local sur place. Puis, au fil des semaines, j’ai osé, j’ai fini par me changer chez moi en sortant du travail, à sortir occasionnellement ainsi, mais toujours pour VOIR spécifiquement des gens, pour aller à un endroit précis, car c’était risqué, car je me sentais en insécurité. Au bout d’un temps, l’insécurité n’était plus tenable, j’avais besoin de liberté. J’avais besoin de la liberté d’être moi, de ne plus être considérée comme un homme tгаvеstі, de pouvoir me regarder et m’apprécier dans le miroir, de cesser d’avoir peur et de me déprécier. Parfois, je me disais, « c’est encore une idée que je me fais ». « Je m’ennuie, de toute évidence, cela m’aide à combattre l’ennui que d’expérimenter mon genre, et du coup je vais mieux, c’est tout. » Drôle de définition de l’ennui alors que j’avais déjà un nombre incalculable de projets en tête et un nombre encore plus grand d’écrits en tête qui attendent et que je n’ai pas encore touché (et alors que c’est une de mes passions), drôle de façon de s’ennuyer alors qu’on a déjà une montagne de choses à faire. Mais non, je « m’ennuyais ». Et alors que j’essayais de mettre le sujet de ma tгапsidentité de côté, de me consacrer à mes projets, je constatais que mon moral descendait en chute libre. À la nuit venue, systématiquement, j’étais en larmes.
La transition SOCIALE s’est imposée pour toutes ces raisons. Il me fallait sortir de cette zone afin de réellement trouver la sérénité. Et désormais… la sérénité, je l’ai plutôt trouvée. Tout n’est pas parfait, mais c’est en bonne voie.
Bien sûr, il y a des points négatifs. Je suis au chômage, et j’ai un peu peur de la précarité, mais pour le moment je touche encore des allocations, donc ça va. Et puis un emploi, du moins j’espère et c’est en bonne voie, j’ai passé des examens dans une grande entreprise et ma candidature a été validée. J’attends simplement qu’une nouvelle mission démarre pour qu’on m’appelle ; mais pour le moment, j’ai l’impression qu’il est grand temps, après tous ces mois de traitement hormonal, je ne suis plus « détectable » en tant que personne tгапs mais et tant que femme à part entière et. Parfois, on me regarde encore un petit peu de travers dans la rue, mais globalement, là aussi, ça va. Mais j’ai beaucoup de chance là-dessus, j’en suis consciente.
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