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Profession libraire - Le "Blabla" bar

Sujet de discussion : Profession libraire
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 29 mars 2021 à 19:10

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    Je me souviens, lorsque j’étais enfant et que je disposais de quelque argent, aller à la librairie qui faisait alors également papeterie et marchand de journaux, m’acheter les livres de la bibliothèque rose, puis verte, puis spirale.


    A l’époque et dans mon quartier je ne sais pas ailleurs, il n’y avait pas de vraie librairie, à savoir des magasins qui ne vепԁaient que des livres hormis les librairies scolaires, où on m’emmenait acheter mes manuels, telles : Colbo, Séfer et ensuite Assas (et un petit coup de pub pour les collègues, un !). Je me rappelle la joie que j’éprouvais en y entrant, furetant dans les rayons (préalablement définis par Babouchka) et le рlаіsіг éprouvé lors de la découverte du dernier volume de la collection tant convoitée.

    Adolescent, j’eus accès à de vrais librairies situés dans d’autres quartiers et ma soif de lire, de découvrir de nouveaux auteurs, leurs œuvres, paraissait inextinguible. Seul le contenu de mon portefeuille était capable d’y mettre un frein. Car bien évidemment, si j’allais dans les bibliothèques, je restais insatisfait. Je désirais posséder, non de l’or comme l’avare, mais du papier écrit pour pouvoir à loisir et, à n‘importe quel moment, le manipuler, le consulter, lire et relire, m'y référer. Si certaines de mes lectures m’étaient vivement conseillées par babouchka et mon directeur d’études, il m’est apparu assez tôt que cela ne me suffisait pas. Aussi, devins-je papivore, dévorant, tous les livres quels qu’ils soient (romans, policiers, historiques, biographies, religieux, etc…) m’imbibant de tout ce qui passait à porter de mes yeux, puis de mes ԁоіgts. Certains livres d’ailleurs les brûlaient, ces ԁоіgts, notamment ceux comportant des images et/ou des passages sulfureux, hum oui enfin pour un garçon d‘une quinzaine d‘années.


    Jeune homme, j‘entrepris de découvrir, après mes premiers émois sentimentaux, la littérature des hommes et/ou femmes ouvertement hоmоsехuеls et/ou lesbiens. Au départ, ne connaissant que les auteurs les plus connus et pas forcément leurs œuvres, je me suis aventuré au petit bonheur la chance, tombant sur des livres et/ou des magazines pseudos littéraires, mais carrément рогпо. Ce n‘était vraiment pas ce que je recherchais. Aussi, me renseignais-je avec moult précautions auprès d’un libraire loin, très loin de mon arrondissement, à l’autre bout de Paris pour éviter tout rapprochement.


    C’est timidement et presque dans un souffle que j’osais formuler ma demande, je me souviens du regard de ce libraire, un regard étonné, suspicieux, presque choqué qui m’a dévisagé de la tête au pied, se demandant si j’avais bien l’âge requis pour consulter pareils ouvrages puis, pour finir, m’a orienté sur le fond du magasin à la limite du rideau, abritant d’autres joyeusetés, censé protéger la morale des bien pensants et autres сuls bénis ainsi que l’innocence présumée des enfants. C’est à la fois fébrile et presque honteusement que je commençais à regarder les titres offerts à ma vue et que je les compulsais et, qu’une fois mon choix fait, je me dirigeais vers la caisse prenant soin à ce que personne ne puisse voir les titres et/ou volumes choisis.


    Je garde de cette période un souvenir, que je juge à présent, amusant, mais il est totalement hors de question que j’impose à mes clients pareille épreuve. La littérature est trop importante pour être cachée, censurée, quel que soit le sujet et/ou le genre abordé. Aussi, ma décision de faire de mon petit magasin une librairie salon- de-thé (idée ramenée de Londres), où tous les livres sont bien exposés, en pleine clarté du jour ou artificielle, classés par genre puis par auteur. Je veux que mes futurs clients viennent chez moi par рlаіsіг, qu’ils s’y sentent bien, qu’ils puissent examiner les livres qui les intéressent confortablement et qu’ils me voient comme un «ami» pouvant les conseiller et non comme un censeur, ou un vепԁеuг. Je me refuse d’être un supermarché de la culture, uniquement préoccupé de la rentabilité de mon commerce. et ce, quelque soit l'état de mon tiroir caisse. Ce métier je l'aime et c'est un des rêves que j'ai pu réaliser. Pas question qu'on me le gâche !





  • pifou Membre suprême
    pifou
    • 29 mars 2021 à 21:05

    je te souhaite toute la réussite qui ne peut qu'arrivée puisque c'est ta passion. je ne sais plus quel philosophe a dit qu'a partir du moment ou tu aimes ton travail tu ne travaillera jamais de ta vie, bonne retraite dans ta librairie qui je suis certain me plairait même si je ne suis pas un lecteur assidu

    un ami musicien a fait de même, il vепԁ des instruments de musique, de la qualité du conseil et des prix abordables, il ne sera jamais riches d'argent mais bien plus heureux que tous les millionnaires de la planète réunis

    petite histoire perso, le dernier ouvrage que j'ai acheté est un livre de prière chrétienne relie dans son coffret, une attirance pour la beauté de l'objet peut être aussi son histoire, imaginer qu'un moine ou un dévot ce soit offert ce luxe par passion religieuse et puis il y a la qualité du papier, des enluminures, la patine au point que je prends grand soin quand je l'ouvre a ne pas l'abimer


  • 50_nuances_de_bi Membre suprême
    50_nuances_de_bi
    • 29 mars 2021 à 21:43

    Quel beau métier celui de libraire

  • yannboy95 Membre suprême
    yannboy95
    • 29 mars 2021 à 23:09

    Quelle jolie histoire, celle qui t'a mené à devenir un lecteur assidu des ton enfance. Quand on conjugue métier et passion c'est top.

    Pour la part, dans ma jeunesse j'ai rarement lu par рlаіsіг, mais par obligation scolaire !

    Ce n'est que plus tard que je me suis mis véritablement à la lecture, avec les journaux et les BD d'abords, et ensuite des livres socio philosophiques.

    La littérature hоmоsехuеllе reste un mystère pour moi, hors mis les titres que tu nous proposes.


    Merci à toi de partager régulièrement tes coups de cœurs !

  • stiky Membre suprême
    stiky
    • 30 mars 2021 à 00:19

    Beau témoignage et je suis tout à fait d'accord avec toi sur le dernier pointfox.png

    De même, je laisse en avant toute nouvelle parution, quel que soit le thème. Bon... si je trouve le titre mauvais de chez mauvais (ou qui reflète une très mauvaise image de quelque chose), je peux le cacher, sinon, il reste en avant. J'ai déjà caché un titre qui montrait que les femmes n'étaient bonnes qu'à se faire engrosser...

    Après, entre librairie généraliste et librairie spécialisée BD, il y a une différence aussi, l'une a des dessins en plus, ce qui rend les thématiques plus explicites.

    Mais oui, libraire est un beau métier =)

  • super-crevette-bleue Membre expérimenté
    super-crevette-bleue
    • 30 mars 2021 à 18:39
    Très belle façon d'exercer un métier !
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 30 mars 2021 à 20:05

    Hum oui, c'est un fort beau métier. Qui n'enrichie que l'intellect et les contacts humains mais pour lesquels je suis prêt à me damner.

  • blue-arts Légende urbaine
    blue-arts
    • 31 mars 2021 à 00:03

    Magnifique et quelle сhаlеuг humaine et délicatesse d humilité dans cet écrit je vous souhaite tout le bonheur du monde dans votre Passion et profession )

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  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 31 mars 2021 à 09:59
    En réponse au message de blue-arts :

    Magnifique et quelle сhаlеuг humaine et délicatesse d humilité dans cet écrit je vous souhaite tout le bonheur du monde dans votre Passion et profession )

    innocent.png


    sраssipa, merci pour votre charmant commentaire et avis

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