Quand l'heure de mourir parviendra, je n'aurai
Pour tout bagage rien que les mots en partance
Qui rencontrent les choses et leur donnent une hanse ;
Et je pourrai nommer la très fuyante orée
De ces bois bien levés au lointain pour de vrai ;
Je pourrai des nuages épeler la nuance,
Et des vents en puissance extraire la fragrance,
Des montagnes appeler la frissonnante ivraie,
Du soleil au versant des collines emmiellées
Me rappeler l'orange versé, des sombres ardeurs
De la nuit traversées des pâleurs et des fleurs
Rappeler l'ouverture aux confins étoilées ;
Puis je dirai surtout la lourdeur de la terre
Où mes pas fréquentaient sans que rien ne m'atterre.