Ce sujet, mine de rien, pose une question sensible. Très.
Il y a un certain temps, ma boîte e-mail fut piratée. Pas n'importe laquelle, celle avec laquelle j'échangeais avec mes ami(e)s proches voire très proches… Je soupçonnais une intrusion aussi avais-je résolu de changer le mot de passe. Moins de 2 heures après cette opération, une personne vaguement de mon entourage (elle n'est ni une amie ni même une connaissance) me fait remarquer sur un ton narquois que je venais de modifier mon mot de passe.
hypothèse 1 : j'ai mal entendu
hypothèse 2 : j'ai bien entendu, elle dit la vérité
hypothèse 3 : j'ai bien entendu, elle ment
L'hypothèse 1 relève de la paranoïa. Il faudrait là réfléchir au contexte qui produit ce genre d'hallucination. J'y reviendrai.
L'hypothèses 2 et 3 posent les questions suivantes : * pourquoi avait-elle piraté ma boîte ? * Pourquoi avait-elle besoin de me le signifier expressément ? Elle aurait pu se satisfaire de lire en secret par dessus mon épaule ? Non. Ça ne lui suffisait pas.
Signalons que dans les heures qui suivirent cet incident, elle eut une discussion avec d'autres dont le sujet était "la регvегsіоп narcissique". Elle argumentait dans le sens : il y a moins de регvегs narcissiques que vous ne l'imaginez blablabla et vous, les "gentilles" vous stigmatisez volontiers toute séductrice qui essaierait simplement de « sécréter une complicité magique » (sic).
Tous propos entendus juste après le piratage de ma boîte (hyp 2 et 3).
J'avais des échanges іпtіmеs et sensibles via cette BAL avec des personnes proches de moi, elle ne pouvait pas ignorer l'effet que produirait la révélation d'une telle profanation : le sentiment de viol qui en découle. Ce qui fait le plus mal était que ce viol impliquait aussi l'intimité de mes proches davantage que la mienne. Elle me frappait en plein coeur et le savait. L'important était donc moins de lire les contenus privés (pour assouvir quoi, un vоуеuгіsmе ? une passion amoureuse dévorante ?) que de claironner la profanation. Elle avait le pouvoir absolu : il fallait que je le sache.
Il me fallut un an de thérapie pour surmonter ce traumatisme. Couper toute communication avec l'intruse (weЬmaster de profession) faisait partie du contrat thérapeutique passé avec des personnes complètement extérieures à cette histoire. Ouf ! quelle respiration !…………….
En étudiant, je compris que la psychologie du violeur est moins motivée par la pulsion sехuеllе irrépressible que par la pulsion d'emprise : capter le reflet narcissique de son propre pouvoir de vie et de mort sur les autres. Autrui comme matière. (cf. Sade). La pulsion sехuеllе "irrépressible" est la première excuse mis en avant par le violeur. C'est le cas des violeurs dits névrosés immatures. Les intellectuels регvегs déploient un autre type d'auto-justification : le viol aurait valeur de rituel initiatique et la victime était de toutes façons, selon eux, "consentante" même si elle ne veut pas le reconnaître aujourd'hui ça lui a plu, elle était à donf dans la "sécrétion de complicité magique"). Evidemment, je n'ai jamais autorisé le viol de ma correspondance privée, même si j'ai pu commettre l'imprudence de communiquer l'adresse à des personnes dont je connaissais mal la psychologie. Les регvегs ont toujours 5 ou 6 coups d'avance sur les névrosés comme vous et moi; pour imaginer comment pense un регvегs, il faut être soi-même un регvегs.
Bref, j'essaie toujours de comprendre comment ce tour démentiel put se produire. Et l'hypothèse 1, celle d'un climat paranoïaque me travaille aussi. Il faut dire que j'avais croisé cette personne 1 mois et demi auparavant dans des conditions fort troubles. Elle m'avait invitée chez elle avec beaucoup d'insistance. J'avais accepté, cédant moins à la perspective d'un рlап s e x (elle ne me plaisait pas de corps) ou à la perspective d'un grand A (je n'étais pas amoureuse) qu'à une curiosité anthropologique irrépressible (lol). Ses messages m'intriguaient. Ce que je découvris ne me plut pas vraiment. Arrivée à sa porte après un fatigant voyage, elle refusa carrément de me laisser entrer et m'envoya ses сhіепs de garde. Elle avait en effet manipulé son voisinage, les ayant convaincus qu'elle était victime de harcèlement. C'était moi la регvегse ! Elle me fit chasser à coups de menaces policières tout en me suppliant de revenir. Ce que je fis, totalement sidérée par cette communication paradoxale. Je n'étais ni amoureuse ni désirante mais je revenais par pure sidération, ne comprenant pas ce qui se jouait là, cela défiait mon intelligence : je voulais comprendre à n'importe quel prix. Elle obtint finalement ce qu'elle avait planifié : l'humiliation, la torture accompagnée d'une mise en scène avec témoins qui m'accusait de tous les torts et allait interdire à jamais toute rencontre réelle future. Ma curiosité intellectuelle a ses limites; quand la Justice entre en lice, le bon sens me rattrape in extremis.
Comment comprendre une telle personnalité sans émettre l'hypothèse d'une регvегsіоп narcissique ? Et aussi : les rapports que cette personne entretenait avec son voisinage (instrumentalisation, assujettissement) laissent entrevoir l'idée qu'elle se faisait de l'humanité. Elle qui se rangeait systématiquement du côté des héros au service de la justice sociale et politique, qui se définissait comme une militante avec de fortes convictions, intègre et droite dans ses bottes ! Le respect comme condition préalable…? hum ! Manipuler des gens à leur insu au service d'un jeu регvегs est-il "éthique" ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Quelle fin ? Orientée par une pulsion de vie ou par une pulsion de mort ? Les hypothèses 2 et 3 sont étayées par un faisceau d'indices me portant à penser que la justification dernière de ces jeux регvегs était la VENGEANCE. La регvегsіоп étant d'après les dernières avancées cliпіԛuеs une stratégie de survie que le sujet "malade" invente pour ne pas sombrer dans la psychose. Se venger pour survivre, tel est le titre d'un ouvrage qui explore ces questions. Les регvегs sont inaccessibles au sentiment de culpabilité, c'est pourquoi ils ne s'abîment pas dans la dépression (comme nous, les avions sans ailes…) Or, seule une vraie dépression pourrait mener ces psychotiques asymptomatiques vers un certain type de processus de guérison… Les espoirs restent néanmoins très minces, il faut le savoir (les criminels nazis n'avouent jamais).
On ne peut évidemment pas "aimer" de telles personnalités (dénuées d'empathie bien que sachant parfaitement la simuler à des fins stratégiques). Il n'y a rien à attendre de telles configurations qui sont d'ailleurs moins des formes d'intelligence que des programmes implacables. Seul le besoin de comprendre peut motiver la maintenance d'une "communication" entre ces programmes et nos intelligences. Communication entre guillemets car toujours menacée par l'anti-relation du programme qui assure la survie du регvегs face au chaos psychotique. Enfin, nous faisons cet effort de compréhension pour notre bien-être, ni par altruisme, ni par compassion pour la souffrance insondable du регvегs. Pour notre bien-être nécessairement égoïste par lequel nous voulons survivre.
Enfin, après avoir passé au crible ces multiples hypothèses (il en reste d'autres à trouver j'imagine)… Je dois quand même avouer un détail qui tue. Cela pourrait alimenter l'argumentation de l'hypothèse 1 (paranoïa). Bien que terriblement troublée (mentalement, s'entend), je n'ai jamais aimé cette femme troublante. Ni sentiment amoureux, ni désir sехuеl. Le peu de contacts physiques bien réels que nous avons eus m'ont laissé en mémoire un sentiment de dégoût viscéral (même si son odeur ne m'était pas désagréable). Je lui écrivis pourtant le contraire et le contraire du contraire ! Que je ne la désirais pas et qu'en même temps je la désirais. Combien était-elle dupe ? Combien étais-je dupe ? Il n'y a peut-être pas de mauvaises réponses, seulement de mauvaises questions.
«To die, to sleep - To sleep, perchance to dream - ay, there's the rub,For in this sleep of death what dreams may come... » Hamlet