Sujet de discussion : "Race d'Ep", par Hocquenghem et Soukaz
sergeclimax69007
Membre suprême
25 août 2013 à 00:14
Il nous faut, en tant qu'hоmоsехuеls et lesbiennes, acteurs d'autres désirs que ceux sanctionnés par des normes sociales encore bien prégnantes en France et par des normes légales meurtrières dans un bon nombre de pays, avoir en tête notre histoire.
Ce n'est pas un devoir de mémoire ; non, il s'agit de lucidité, de nous replacer dans une filiation, de ne pas méconnaître les avancées sociales et les reculs.
Et l'hоmоsехualité a une histoire ; il existe bien des films la mettant en scène, de manière caricaturale, de manière plus empathique, mais aussi de manière sensible et didactique.
Le film "Race d'Ep" de Guy Hocquenghem et de Lionel Soukaz est de ces films qui, prenant pour objet l'histoire, nous racontent d'où nous venons.
Ce film est une perle.
Vous trouverez, ensuite, par vous-même, dans le menu, à votre droite, d'autres extraits de ce film, sur le site consacrée par sa compilation du plus grand nombre de documents filmés. Et tentez de replacer toutes ces séquences dans un ordre filmique.
--- Sait-on, parmi les plus jeunes ici, que succédant, du point de vue de la visibilité sociale, au mouvement "Arcadie", il y eut, dans les années 1970, les Groupes de Libération Ноmоsехuеllе (GLH) ?
Et, pour ma part, dans ma ville natale, je participais à un GLH qui permettait une vie sociale, des rencontres, des repas en commun, qui activait des interventions contre les homophobes, et qui tenait une émission régulière sur une "radio libre".
La première fois que j'ai embrassé un garçon, en public, je ne pouvais pas y couper, ce fut en plein restaurant universitaire, une bise bien claquante, une joue, l'autre, j'avais honte, pour autant le monde ne s'est pas écroulé ni ne m'a mis à l'index.
J'achetais la revue "Gai-Pied", sous l’œil froid des kiosquiers, c'était pour moi surmonter ma lâcheté, et un moment de vérité envers moi-même. Puis - je sais je l'ai déjà mis dans un autre sujet - il arriva un temps où le sort fait aux hоmоsехuеls brusqua les tripes et les consciences (remuées par un solide activisme).
Et un candidat à l'élection présidentielle de 1981, François Mitterrand, déclara nettement que "l'hоmоsехualité doit cesser d'être un délit".
Valéry Giscard d'Estaing, le président sortant, candidat à sa réélection avait refusé, pour sa part, de répondre à la question posée par "Gai-Pied" (qui tira jusqu'à cinquante mille exemplaires dans ses plus beaux jours), à propos de la dépénalisation de l'hоmоsехualité
Enfin un homme d’État déclarait que l'hоmоsехualité doit être un choix libre, que ce n'est pas "un fléau social", d'où la fin du fichage policier des hоmоsехuеls et la fin des chasses policières dans les squares, lieux de drague. L’État, enfin, aЬапԁonnait un droit de regard indu ; et l'hоmоsехualité cessa d'être un paramètre de la politique familiale et nataliste
Commença l'époque où l’État ne s'occupant plus de qui couchait avec qui - sauf pour réprimer les abus envers les mineurs, l'іпсеstе et le viol -, je pus me tourner vers moi-même, et n'avoir à craindre que mes propres préjugés - tenaces - et les préjugés sociaux - tout aussi redoutables -.
Et je pus consulter les petites annonces de rencontres du journal "Libération", qui, en ce temps-là, éditait nombre de propositions sехuеllеs dans son supplément du samedi.
Pourquoi vous raconter tout cela ? Parce que ce n'est pas seulement une histoire particulière mais bien une histoire commune.
C'est une manière de renforcer la première raison que je vous donnais de voir "Race d'Ep" : savoir l'histoire des hоmоsехuеl(le)s mesure d'où nous venons, et à quelles représentations sociales ("antiphysique", "регvегs", "malade mental") nous échappons.
Bonne vision !!!
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