Regardons notre monde, les yeux à demis clos sur cette réalité qui nous à tant surpris. J'ai епvіе d'écrire « un jour « . Juste « un jour « rien de plus. Et puis mourir. Ou bien alors un univers, qui se broderait tout autour de ces mots. De ce « jour « qui n'arrive jamais, celui que l'on s'était promis, celui que l'on croyait attendre, ou bien celui qui nous exaspérait, par la facilité de s'en dédouaner, c'est incompréhensible cette sensation. Cette cloche qui tonne « Dong... Dong... « ces instants rongés qui nous ont détruits, ces murmures qui dans ma tête hurlent des « je t'aime, je te déteste, je t'aime, je te tue, adieu « . Oui tout ça, ces murmures qui dans ma tête ont pris pour habitude de me faire pleurer pour ça. Rien que pour ça. Ou pour tout ça, je ne sais plus trop. Ces derniers jours j'ai perdu un peu le sens des nombres, je ne sais plus si je suis une ou deux, si tu es une ou l'autre, je ne sais plus grand chose. […] C'est bien fade ces belles phrases. Et si on commençait vraiment à parler ? A dire les mots comme on aurait déjà du se les dire. Je vais mieux. Oui beaucoup mieux, j’arrive à sourire un peu, un tout petit peu, mais pas sincèrement. Peut-être jamais plus autant qu'avant. Parfois quand cela m'arrive , je pense à toi je ne sais pas trop, je ne sais plus rien... Je me rappelle aussi de tout ces moments avant qu'ils me prennent... J'aurais du poser mes lèvres sur les tiennes, cet instant que j'ai attendu onze ans. Ou six, ou vingt, qu'est ce que ça peut faire maintenant... Ce soir là, quand je suis partie les rejoindre, je t'ai appelé pour que tu te retourne, j'ai voulu te prendre dans mes bras, te dire je t'aime et t'embrasser . Je n'ai rien su dire, rien su faire. Moi aussi je me suis déçue. A trop attendre quelque chose on passe à côté quand ce moment approche. Mais si j'avais un jour le bonheur de te retrouver, je t'embrasserais. Je ne lâcherais plus tes lèvres, je ne te laisserais plus jamais sortir de mes bras. Au fond de mes bras il n'y fait jamais froid . C'est dur de me dire que cela aurait peut-être tout changé, en fait oui, cela aurait tout changé. Parfois quand je te repense, mes yeux s'embuent, ton image dans mon esprit noirci, ton regard perd de sa ргоfопԁеur, j'en perds le soleil, la pluie s'immisce dans ma tête. C'est un bien beau désordre mon monde aujourd'hui ! Il y a la plage, qui ne sait plus trop si elle est faite de sable ou de galets, il y a la mer, trop salée, pleine d'incertitudes. Il y a le château de sable que nous construisions ensemble, qui ne ressemble plus vraiment à un château. Il n'est plus grand, plus beau, il a des air d'igloo, c'est qu'il fait froid chez moi dans ma nuit. Il y avait un temps, un mur, de briques rouges, sur lequel je dessinais pendant des heures, des mots, des fleurs, des nuages, des pensées, des roses, ah non pas la rose ! Il y avait ce rocher, un peu penché au dessus de la rivière, ses arbres morts, tout ça, tout ça... il y avait dans mon monde des gestes. Des mots, des poèmes, des choses que j'aurais aimé partager plus longtemps avec toi. Dans cet univers il n'y plus que des restes...
Il y a mon silence, mon silence, ah le silence... Vestiges de mes heures passées, restes du présent, et improbables mots du futur.
Je serais sans doute morte.
Si tu ne viens pas me chercher, je ne pourrais pas venir tu m'entends ? Je ne saurais pas comment faire. Ils ne me laisseront jamais partir... Édifie moi un radeau, je ne peux plus nager. Construis moi un radeau, pour que je puisse te rejoindre, dessines moi un bateau, un trois mâts, même une simple voile, ou barque... Une malheureuse de coque de noix, un de ces machins là qui m'enverrait dans l'eau à la moindre marée, quelque chose, n'importe quoi, un rondin, un bout de bois, une bouée ? Une bouée avec pour couleurs l'éclat ргоfопԁ de tes yeux, celui qui me brûle, celui qui me torture, regarde moi, regarde moi ! Aide moi à m'échapper de ce monde...
Bilhetes 1975-1981 por Alison Emma