- 22 septembre 2016 à 20:38
Je vous propose si ce n'est déjà fait et si cela vous intéresse de découvrir ce livre
Quatrième de couverture :
« Il y a quelques années, mon intérêt pour les aquariums me conduisit à décorer mon salon de beauté avec des poissons de différentes couleurs. Maintenant que le salon est converti en un mouгоir où vont terminer leurs jours ceux qui n’ont aucun autre endroit pour le faire, il m’est très difficile de constater que les poissons ont peu à peu disparu ».
Editions : Christophe Lucquin – ISBN : 9 782366 260 700 – Broché 76 pages –
Mon avis : Volodia
Je, est celui qui raconte son histoire. Il n’a pas de nom, il est seulement Je, un tгаvеstі, coiffeur et propriétaire d’un salon de coiffure. Bien que celui-ci soit mixte, ce sont essentiellement des femmes qui viennent s’y faire coiffer, car elles semblent « indifférentes au fait d’être soignées par des stylistes portant presque toujours des vêtements féminins ».
Pour se démarquer des autres salons du quartier, et lui donner un peu de luxe, Je, a choisi de l’équiper d’aquariums ou évolueront des poissons. Différentes sortes de poissons, non fragiles ne nécessitant pas de soins particuliers, dont la vue et les circonvolutions détendront ses clientes, « qu’elles aient pendant leurs soins l’impression d’être immergées dans une eau cristalline avant de réapparaître à la surface, belles et rajeunies ».
Je, nous détaille ses choix sur les futurs occupants des aquariums, les soins prodigués, mais également leur mort somme toute assez tragique. Parallèlement, il se laisse aller à des confidences sur son passé, sa vie, et ses frasques avec les 3 autres coiffeurs. Sur le changement qui s’est opéré sur le salon et la tâche qu’il s’est donnée d’accomplir.
Ce salon initialement destiné à la beauté, s’est transformé, un peu par hasard, en mouгоir, non pas en un hôpital ou une cliпіԛuе, mais seulement en mouгоir – le premier pensionnaire qu’il a accepté, l’a été à la demande d’un des compagnons qui travaillait avec lui. Le jeune homme avait été abandonné par son ami dès que celui-ci avait appris sa maladie, aucun hôpital, ni sa famille ne voulaient l’accueil ni le prendre en charge. Privé de ressources, il ne lui restait qu’à mourir dans la rue -.
Les règles sont très strictes. N’y sont admis que les malades en phase terminale, les dons d’argent en espèces, les confiseries, et le linge de lit. Pour faire face à cette nouvelle étape du salon, tout le matériel professionnel a été vепԁu, pour acheter, des lits métalliques, des matelas de paille, des ustensiles. Les miroirs ont été retirés pour éviter la vue de la multiplication de l’agonie des occupants.
Je, s’active seul - Surtout pas d’associations, ni de sœurs de la charité, qui viendrait prier pour les malades, pas de femmes, aucun médicament. - auprès de ses pensionnaires, ceux-ci ne manquent de rien. Il va jusqu’à affronter les habitants du quartier qui veulent faire brûler le mouгоir mais qui s’arrêtent à la porte, rebutés par l’odeur qui y règne. Un jour, Je se sens plus faible. Il découvre des taches sur sa peau, et comprend alors que son tour est venu, mais que lui sera seul, ses compagnons étant déjà morts. Il s’inquiète alors du devenir de son salon lorsqu’il sera trop faible pour se lever. Je, pense qu’il fermera toutes les ouvertures, n’ouvrira à personne. Et peut -être que les institutions pour qui aider est une forme de vie, ԁéfопсегont la porte. On comptera parmi elles, « les Sœurs de la Charité » et les associations à but non lucratif. Mais le plus probable est que quelques jours plus tard, ils ԁéfопсегont la porte et « me trouveront mort, mais entouré de la splendeur d’autrefois ».
Ce n’est pas un livre larmoyant, ni même triste. L’auteur maintient une distance entre l’écriture et le tragique de la situation. Son personnage semble indifférent et résigné à l’inéluctable. C’est beau, c’est fort, ça vous prend au creux de l’estomac. J’ai adoré ce récit, bien qu'il m'ait bouleversé !