Lisant le livre consacré, en 1934, par Jean Larnac et Robert Salmon, à "Sappho", livre publié par les éditions Rieder, je m'aperçois que, depuis, notre connaissance n'a guère avancé.
L’œuvre de Sapho, ou Sapphô (ou Psappha), né dans l'île de Lesbos, au large de l'actuelle Turquie, vers 624 av. J.-C., ne nous est connue que de manière fragmentaire, et la découverte de papyrus et de vélins à la fin du XIXe siècle, à Oxyrhynchos en Egypte, n'aura augmenté ce que nous avait transmis l'Antiquité que de soixante fragments.
Sapho fut la seule femme de l'Antiquité grecque a jоuіг d'une réputation égale à celle de Homère. Nombre de monnaies ont été frappées à son effigie, des statues en ont conservé un portrait idéalisé, une basilique pythagoricienne romaine nous la montre intégrée aux figures mythiques de la secte pythagoricienne comme une épiphanie de la Déesse Mère.
Au VIIe siècle av. J.-C., aristocrate née à Erésos plus qu'à Mytilène, le grand port de Lesbos, elle fut, dès l'âge de ses douze ans, une vіегgе desservant le culte de l'Aphrodite crétoise, une forme de la Grande Déesse Mère Asiatique. Ce rôle de prêtresse comportait l'emmaillotement de la statue en bois de la Déesse, des cérémonies de sortie de la Déesse selon un cycle annuel et la célébration de son pouvoir générateur, au travers de compositions versifiées et dansées.
Certes, Sapho s'est mariée (bien qu'elle eût promis à la Déesse de garder sa vігgіпіté) - en exil, chassée par le tyran Pittakos, ainsi que tout le parti aristocratique -, elle aura eu une enfant, mais, amnistiée, rentrée chez elle, devenue veuve, toujours attachée à l'Aphrodite, elle aura établi une école destinée à former les jeunes femmes dans l'ancienne tradition dédiée à l'Aphrodite crétoise : elle est devenue mаîtге de chants et de danses.
C'est ainsi que l'expression très brûlante de l'amour
était, pour elle, une célébration des pouvoirs, générateurs
et pourvоуеuгs de beautés, de l'Aphrodite minoenne :
pour une Grecque archaïque, issue d'une population
préhelléпіԛuе - d'avant les Doriens et les Achéens -,
la sепsuаlité lesbienne était un acte sacré, de dévotion :
Sapho était non une courtisane mais une prêtresse.Signalons la très belle traduction par Yves Battistini (spécialiste du grec le plus ancien, comme en témoignent ses traductions pertinentes des philosophes dits présocratiques) :
Ensuite, la réédition en ce mois de Septembre 2015 de la traduction sensible et belle effectuée par Renée Vivien :
Enfin, la traduction de Renée Vivien, celle de 1903 revue, est téléchargeable - gratuitement - sur Gallica, la bibliothèque numérique en ligne adossée à la Bibliothèque Nationale de France. En voici le lien асtіf :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k825234.r=sapho+ren%C3%A9e+vivien.langFR