SONNET à une fugitive
De nos brèves amours, ma mie t'en souvient-il?...
De ce premier Ьаіsег sur ta lèvre attendue,
Qu'alors les yeux mi-clos et sur l'herbe étendue,
J'osais te dérober? Mon Dieu le fallait-il?
Comme une abeille cueille un nectar au pistil...
Tout au fond des taillis par le zéphyr rendue
S'exhalait la fragrance en ton corps attendue,
Nous respirions tous deux ce parfum si subtil...
Après avoir couru par les monts et les vaux
Découvrant chaque instant des souvenirs nouveaux,
Si près de toi mon rêve enfin se réalise!...
Ce fut le cauchemar au lieu de ces douceurs :
Nature saccagée, et tu pris ta valise
Exilée en banlieue au milieu des casseurs...