En 1981, il s'était bien passé quelque chose, il y a bien eu des échanges de tirs mais je n'y ai pas participé, j'en ai seulement été témoins, j'ai entendu les hurlements, ils raisonnent encore, J'ai suffisamment été traumatisée (surtout dans mon contexte) pour faire de cette morte Alison, pour qu'elle cesse de grandir et de me tourmenter. Le déni mis en place en 1985 avait un grand frère celui de 1981 ! ou mieux c'était le même établi en deux temps.Ce fut la libération !
Après les choses ne sont pas si simples, beaucoup d'entretiens, des test poussés de personnalité, projectifs, échelle féminité/masculinité, efficience intellectuelle, etc.
Il m'a fallu aussi réhabiliter tout un pan de mon histoire.De mes six sœurs j'en ai retrouvé une à Paris. C'est ma nounou qui m'a élevé en Allemagne d'abord puis ici en veillant sur moi comme elle l'a toujours fait. Je lui dois tout ce que je suis aujourd'hui. Ma vraie mère c'est elle et c'est elle qui a toujours me protéger et me donner ma véritable identité culturelle et de genre. Cette force aussi et ce courage forgés au fil des événements.
Les psy ont écrit d'après tous les entretiens, les tests, les examens que je ne relevait d'aucuns troubles d'ordre du registre psychotique, mon identité est bien celui d'une femme mais que les aléas de la vie et la pression sociale ne m'avaient pas permis de l'assumer et que ma demande était authentique, fondée et recevable. Cela me donne droit à un processus qu'on appelle réassignation de sехe.J'ai quitté mon département il y a trois ans pour aller à 650 km de là. Je n'ai pas d'amis ici, mes enfants sont grands, je n'ai plus d'emploi, sauf ma propre affaire, avec mon énième amie, je me disputais sans cesse pour n'importe quoi, pour cause, et dans la logique des choses je me suis séparée au début de l'été, parce-que je pensais qu’elle ne l'acceptera pas et que c'est sans issus. Chose incroyable, elle l'a très bien compris et accepté. Je n'ai plus aucunes contraintes sociales, absolument plus rien qui puisse m'interdire désormais d'accueillir Alison, de lui dire je t'attend depuis plus de 40 ans, toi et moi on en a des choses à se dire ! Je peux te jurer que tu ne me quittera plus car tu es moi.
Une dernière chose pour éviter confusion et cliché :
Il ne faut pas confondre APPARENCE sехuеllе et IDENTITE sехuеllе.
On ne choisi pas de naître femme, pas plus qu'on ne CHOISI de le DEVENIR, quant on l'est.
CE N'EST PAS UN CHOIX
On ne se réveille pas un matin en se disant « tiens, si j'étais une femme... » parce-que c'est la nouvelle mode comme toutes les modifications corporelles ou un рhапtаsmе ou une espèce d'habit réversible et bien pratique.
La nature commet parfois des erreurs, il y en a beaucoup comme moi, hommes ou femmes par an en France. Aujourd'hui c'est facile de les réparer et on en parle, pas à mon époque, c'était l’ignorance l’obscurantisme et le moyen-âge.
Ma nounou est toujours vivante, car il n'était pas rare à cette époque d'être confié à une gamine, elle même fille d'une vieille servante de la maison.
J'ai toujours été et je suis toujours attirée par les femmes.