Sujet de discussion : Sur quel ton déplorer ma triste destinée ?
sergeclimax69007
Membre suprême
6 juin 2015 à 01:28
Le Fado réactualise, aussi, des textes du seizième siècle.
En France, à peine Léo Ferré interprète-t-il incidemment François Villon (Léo Ferré lui préférant Ch. Baudelaire, du dix-neuvième siècle).
Au Portugal, Amália Rodrigues, et d'autres fadistes à sa suite, ont inscrit à leur répertoire Luís Vaz de Camões, l'auteur de l'épopée nationale portugaise "Les Lusiades", dont les textes lyriques ont été publiés de manière posthume, suscitant des controverses insolubles de paternité littéraire. De lui "Dura memória", "Alma minha gentil", "Erros meus" et ce texte auront été portés vers la sensibilité des Portugais contemporains.
Le texte portugais ; j'intercale ma traduction en alexandrins assonancés.
Après vérification, cela devrait aller !
Com que voz chorarei meu triste fado, Sur quel ton déplorer ma triste destinée que em tão dura paixão me sepultou, Qui m'a dans un envoûtement dur enterré, que mor não seja a dor que me deixou Pour que n'empire pas la souffrance laissée o tempo de meu bem desenganado. Par le temps de mon bien désillusionné.
Mas chorar não se estima neste estado Mais en cette pitié, rien ne vaut de pleurer aonde suspirar nunca aproveitou. Quand jamais le soupir n'a rien rapporté ; triste quero viver, poi se mudou Tristement je veux vivre dès lors qu'est transformé em tristeza a alegria do passado. En abattement cet enjouement du passé.
Assim a vida раsso descontente, C'est ainsi que ma vie je passe, mécontent, ao som nesta prisão do grilhão duго Au bruit - dans ce cachot - de mon entrave dure que lastima ao pé que o sofre e sente. Qui me blesse à mon pied qui l'endure et le sent.
De tanto mal, a causa é amor puго, De ce mal, tant et plus, la cause est l'amour pur, devido a quem de mim tenho ausente, Dû à celle dont je me trouve au plus lointain, por quem a vida e bens dele aventuго. Pour laquelle ma vie et ses biens j'aventure.
Bonne écoute à toutes et à tous !
sergeclimax69007
Membre suprême
6 juin 2015 à 02:41
Une note personnelle.
Le plus émouvant pour moi, ce que met en relief le texte de Vasco Graça Moura ci-dessous (en portugais), c'est que cette fille déshéritée du peuple portugais, très longtemps analphabète par la disgrâce du régime fasciste, Amália Rodrigues avait une capacité lui faisant ressentir, au plus juste, les plus grands poètes de langue portugaise, et c'était pour elle-même un mystère tant elle mesurait son manque de culture lettrée.
Par le Fado (du latin "fatum", la fatalité), elle aura accompli le contraire d'un destin tout tracé, elle-même aura écrit les fados les plus significatifs ; et c'est pourquoi Amália Rodrigues est plus que grande.