Bonsoir à toutes et à tous
Toutes les vies de Kojin
Sort le 12 février 2020 / 1h 27min / Documentaire
Dans un documentaire à la première personne, Diako Yazdani, réfugié politique en France, retourne voir sa famille au Kurdistan irakien et leur présente Kojin un jeune hоmоsехuеl de 23 ans qui cherche à exister au sеіп d’une société où il semble ne pas pouvoir trouver sa place. Avec humour et poésie, le réalisateur livre un portrait émouvant où les rencontres des uns et des autres invitent à une réflexion universelle sur la différence
Homophobe jusqu’à ses 18 ans, le réalisateur iranien Diako Yazdani entreprend dans sa jeunesse une réflexion sur la sехualité. Accompagné de son ami Kojin, il confronte sa famille et des représentants de la société kurde à l’hоmоsехualité dans un documentaire à la première personne.
Diako Yazdani vit à Paris depuis 2011. Kurde iranien, il a fui son pays où il ne peut plus se rendre. En 2014, il retrouve en Irak un ami kurde et iranien, qui lui confie être gay. Diako prend alors conscience de la double oppression que vit son ami, renié par sa famille et réfugié en Allemagne, en raison de son appartenance ethnique et de son orientation sехuеllе. C’est ainsi que le sujet de l’homophobie dans la société kurde s’impose au réalisateur.
Quelques années plus tard, Diako s’empare d’une caméra et se rend en Irak pour retrouver Kojin, 23 ans, qu’il a rencontré à l’aide d’une application. Il est le seul Kurde hоmоsехuеl qui accepte de lui livrer son témoignage. Les deux hommes vont d’abord à la rencontre d’un imam. La désinformation est totale. Il peut guérir le sida autant qu’il peut sauver les gays.
L’hоmоsехualité est une maladie psychologique qui se soigne en chassant le « djinn » (esprit malveillant) qui habite le patient. Il faut donc se taper le dos – où le « djinn » se cache chez les hоmоsехuеls – et réciter le Coran pendant quelques heures pour se soigner. Car c’est du dos que provient le sрегmе de l’homme avant de passer par le tеstісulе droit (le tеstісulе gauche est quant à lui rempli d’uгіпе – sic).
Un hоmоsехuеl attrape la syphilis, le sida ou encore Ébola. Il ne peut plus « retenir ses saletés et pète tout le temps. » L’imam conclue son discours en annonçant qu’il faut tuer les hommes qui résisteraient à son traitement.
Après cette séquence d’obscurantisme ahurissante, Diako Yazdani met en scène la rencontre de sa famille avec Kojin. Car pour faire la critique de la société kurde, il doit aussi faire son autocritique. A nouveau la discussion s’annonce complexe. La mère de Diako annonce qu’elle préfèrerait mourir plutôt que d’avoir un enfant hоmоsехuеl (ou bien tuer l’enfant pour sauver l’honneur de la famille).
On évoque aussi la création d’un État-Nation pour ces individus afin d’éviter que ceux qui les observent ne deviennent comme eux. Puis c’est à Kojin de livrer son témoignage glaçant : il confie avoir été violé à plusieurs reprises par plusieurs hommes. La famille de Diako est sincèrement émue par son histoire. Le père lui souhaite finalement de trouver le bonheur, et de réussir à être fier de lui un jour.
Grâce à ce documentaire, Kojin ouvre à son tour une réflexion sur lui, sur l’hоmоsехualité et sur les histoires des hоmоsехualités. Lors d’un entretien réjouissant avec un intellectuel progressiste, il comprend que les langues kurdes ne permettent pas de parler de sехualité convenablement. L’intellectuel lui rappelle les mots du poète syrien Adonis : « si l’on retire de la poésie arabe les métaphores hоmоsехuеllеs, que reste-t-il ? » Un an plus tard, Kojin est épanoui, réalise qu’il n’a pas besoin de devenir une femme pour continuer à aimer les hommes… Il découvre que lui aussi peut prétendre à la liberté d’aimer.