TRISTESSE
Campagne pastогаlе, en douce symphonie,
Tu berçais: les troupeaux paisibles qui paissaient,
Les herbages des prés qui toujours renaissaient,
Sous le léger zéphyr du souffle de la vie.
L'existence rythmée au carillon des heures,
Qu'égrenait au lointain l'horloge du clocher
Rappelant en chantant, au berger, au cocher,
Qu'ils pouvaient tous enfin regagner leurs demeures.
Et tout prés de l"église une école blottie
Faisait rire ses murs aux ébats enfantins.
Qu'elle accueillait alors chaque jour aux matins.
Quel silence en ces lieux la mаîtгеssе partie!
On animait la place au sortir de la messe
En allant boire un coup sur le zinc du café,
Acheter un dessert, bien vêtu, bien coiffé:
Mais les rideaux sont clos et l'activité cesse.
La ville en attirant les jeunes au chômage
A tué l'avenir. Relégués les aïeux
Attendent la camarde en regardant les cieux
Puis ils hochent la tête en disant: " Quel dommage! "
Mamelles de la France êtes vous donc taries?
vous qui leur apportiez réconfort et bonheur,
Le travail dans les champs était leur seul honneur...
Avons nous trop de blé, trop de lait des prairies?
La disette partout tue encore des hommes
De l'Afrique ou d'Asie. Au moyen-orient,
En Europe elle-même on vit en souriant
Près de telles horreurs: voyez où nous en sommes!
Le vieillard reste seul, mais n'est plus guère alerte.
Il contemple meurtri la ruine des maisons,
Les champs improductifs, les dernières toisons,
L'exil des commerçants, la chapelle déserte...
La terre cultivée effaçait la misère;
Elle était le témoin de l'effort, du labeur,
Gémissant sous le soc, du joyeux laboureur:
Epargnez lui l'affront de subir la jachère.