.... pas n'importe laquelle ! C'est celle de la tradition des papiers rouges et des pétards du Nouvel An Lunaire.
Il y a bien longtemps, quand des dragons puissants vivaient sur la terre et dans les mers, peu de gens en Chine célébrait le Nouvel An Lunaire. Même dans un certain village, ce jour était le plus mauvais jour de l'année parce qu’un habitant avait tué un dragon. Tout le monde sait que c’est une chose terriblement malheureuse à faire car le fantôme du dragon revenait hanter le village chaque année à l'aube du Nouvel An.
Lorsqu’il apparaissait, il secouait son horrible tête et hurlait : « J'ai faim. Donnez-moi un fils premier-né à manger! » Et le fantôme du dragon soufflait son haleine puante et сhаuԁе en direction du village. La fumée s’insinuait partout et les villageois commençaient à tousser. Certains perdaient même connaissance. Le sage du village se rendant compte que le fantôme du dragon pourrait facilement les faire tous mourir, décida à contrecœur de donner un enfant nouveau-né afin de sauver le reste du village. Il espérait qu’avec cette offrande, jamais plus le fantôme du dragon ne reviendrait. Mais année après année, le fantôme du dragon revenait et année après année, une famille devait sacrifier son fils premier-né pour satisfaire la voracité de l’animal.
Une année, ce fut au tour de la jeune Veuve Teng de sacrifier son seul enfant, un beau garçon qui allait avoir cinq ans.
Pendant trois jours et trois nuits, elle a arpenté le sol essayant d’échafauder un рlап. De temps en temps, elle faisait une pause et regardait son fils qui jouait dans la cour. Lorsque son fils s’endormait, elle s’asseyait à côté de lui et lui caressait doucement le visage qui ressemblait tellement à celui de son père.
Lasse de tant attendre, de tant marcher, de tant prier, elle s’endormit épuisée sur le sol devant l’autel des ancêtres de la famille. Son petit fils qui l'avait vue se dit qu’il ne devait absolument pas l’éveiller car elle rêvait peut-être et il ne voulait pas lui couper son rêve …
Quelques heures avant l'aube, elle s’éveilla et doucement secoua sa tête encore douloureuse d’avoir tant rêvé. Et alors, le miracle se produisit. Des images décousues s’assemblèrent et elle sut ce qu’il fallait faire.
Les dragons de son rêve avaient peur de deux choses : peur de la vue de sang et peur des bruits violents. Quand quelqu'un a peur, il s’enfuit en général en courant. Son рlап sera simple : mettre du sang sur sa porte et faire tant de bruit que le fantôme du dragon effrayé et partira en courant…"
"Du sang ... je suis si pauvre que je n'ai pas même un poulet à tuer pour prendre son sang." Elle prit son couteau le plus pointu et se coupa au ԁоіgt, laissant gouttes à gouttes couler son sang sur un tissu jusqu'à ce que toutes les gouttes jointes ensemble recouvrirent entièrement l’étoffe. Elle prit le tissu et l’accrocha à l'extérieur, sur sa porte.
Maintenant faire des bruits violents… Les pétards seraient le mieux mais trop pauvre elle ne pourrait pas en acheter et en plus, il n’y a aucun magasin ouvert en ce jour. Après réflexion, ellet pensa aux bambous. Elle savait que lorsque des morceaux de bambou brûlent, ils se fendent dans un bruit épouvantable. Elle prit son couteau pointu elle s’en alla dans le froid afin de couper une douzaine de grands morceaux de bambou. Elle les plaça en pyramide devant sa porte juste au-dessous du tissu taché de sang. Ainsi disposés, ils brûleraient rapidement et éclateraient tous à la fois.
Elle a attendu et attendu. Il lui semblait tellement elle attendait que le soleil était gelé au-dessous de l'horizon et ne monterait pas aujourd’hui. Tout était calme, si calme que le seul bruit qu’elle entendait les coups de son cœur. Finalement la lune et des étoiles ont commencé à disparaître du ciel.
Faiblement, elle a entendu le hurlement du fantôme du dragon
Chacun dans le village était tapi dans son lit sous les édredons et les couvertures. Personne ne dormait sachant que la Veuve Teng attendait le fantôme du dragon. Seul son fils dormait du sommeil d’un ange.
On entendit un hurlement. Le fantôme du dragon devait être en bas au centre du village. Il était temps pour elle d’allumer. La Veuve Teng prit sa lanterne, l’inclina vers la pyramide de bambou et l’enflamma.
Elle entendait la terre qui tremblait sous le poids du fantôme du dragon qui marchait vers sa petite maison. Il descendait à présent sa ruelle, il s’approchait…
Arrivé devant chez elle, le fantôme du dragon s'est arrêté devant la maison et voyant le linge taché de sang, s’est mis à hurler si fort que tous ses os ont tremblé. Au même moment, le feu de bambou a éclaté. Le fantôme du dragon terrifié par la vue de sang humain et les bambous qui éclataient s’est enfui en courant à travers le village.
Et la Veuve Teng ? Elle s’est assise et de grosses larmes se sont mises à couler.
Les gens du village sont accourus. Les cloches se sont mises à sonner et de tous les côtés, les gongs célébraient ce grand jour tandis que les pétards faisaient éclater la joie !
Et depuis ce jour, chaque année, dans tous les villages, on met le sang des papiers rouges autour des portes et on allume des pétards bruyants à l'aube et depuis lors, le fantôme du dragon n'est jamais revenu.