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Victor Brauner ou l'Enchantement inquiet - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Victor Brauner ou l'Enchantement inquiet
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 19:48
    De tous les peintres surréalistes, Victor Brauner, par le sens du mystère et même par le sens du sacré (sacré qui n'équivaut pas à une hypostase religieuse, à un Dieu, réclamant un culte), par la conception de personnages confondant leurs limites, par l'usage de symboles empruntés à l'ocсultisme et à des civilisations dites "primitives" (symboles qu'il emploie à des significations personnelles), par l'accent porté sur le caractère instinctuel de la condition humaine, par la force éгоtіԛuе irradiant de nombre de ses tableaux (un éгоtіsmе chargé de menaces de castration et d'agressivité), par une perpétuelle invention qui l'a porté à utiliser les matériaux les plus improbables parmi lesquelles les coulures et les épaisseurs de la cire,

    étonne,

    surprend,

    et tient sous le сhагmе.


    Je me souviens depuis longtemps de ce tableau vu au Musée de la Ville de Saint-Étienne (Loire) : un сhіеп dont la cage thoracique est une cage contenant un être humain se tenant à quatre pattes dans cet espace confiné, délimité par des barreaux. Cette image me reste depuis mon enfance en mémoire, et je la vois distinctement alors que je n'ai pas revu ce tableau depuis vingt ans, au moins.


    Ceci pour dire la force et la prégnance des tableaux de Victor Brauner, ce Roumain, qui comme Gherasim Luca, aura apporté une inflexion décisive au surréalisme parisien (tout autant que Max Ernst, Dali, Man Ray, ...)


    Ce sont des images qui ne produisent pas un effet immédiat, quoique l'on reste étonné et interrogatif, mais qui cheminent en nous par le souterrain des songeries et des associations d'idées.


    L'on peut tenter de les déchiffrer, cependant les tableaux de Victor Brauner sont - je me répète - comme des rêves, et ne se laisseront pas réduire à des significations univoques et définitives.


    C'est le propre des grandes œuvres, de celles qui stimulent et contribuent à libérer l'imaginaire de chaque être humain, de comporter, toujours, une part de mystère.


    Car le mouvement surréaliste est d'abord une entreprise de libération, et donc il conçoit le devoir urgent de mettre dans l'inconfort la logique et l'esprit de déduction ; pour cela, le mouvement surréaliste s'assigne le but de nous emmener ailleurs, vers l'inconnu familier qui nous habite, vers ce que certains appellent les processus inconscients de la psyché.


    Le mouvement surréaliste,

    s'il se prescrit à lui-même un devoir,

    se fixe le but de nous restituer

    à nous-même, à notre être authentique,

    à cet être qui ne se confondra jamais

    avec notre identité sociale et policée.



    ----------------------------------------------------------------------------


    Rien que pour le рlаіsіг de regarder


    avec vous ces reproductions de tableaux,


    je choisis au hasard de mes émotions.



    brauner-1.jpg


    la+pierre+philosophale-+brauner.jpg


    brauner3.JPG


    66g1_brauner_coscienza_553.jpg


    Le gros Ubu, Roi de la Suffisance.
    victor-brauner2.jpg


    victor-brauner-1354962577_b.jpg


    image-work-brauner_goll_yvan_le_char_triomphal_de_lantimoine_-10477-450-450.jpg


    Comme le rappel d'une cosmogonie amazonienne ou australienne.
    flickr-5048369092-original.jpg


    vegetal-doubling-1955.jpg


    victor_brauner_six_personnages_d5631388h.jpg


    totem-of-blessed-subjectivity-ii-1948.jpg


    La photographie de la couverture du livre de Didier Sernin consacré à Victor Brauner, un livre richement illustré et captivant.
    semin__didier-victor_brauner~OMf6e300~10886_20090214_NULL_252.jpg


    84.7.jpg


    Séduction/répulsion, amour/attaque, fusion/dé-fusion.
    3486451867_bb43e52cf4.jpg


    Fait avec de la gouache et de la cire.
    victor-Brauner.jpg


    Les Aztèques ne nous donneront pas toutes les clés de ce tableau. Ni les microscopes nous faisant distinguer les sрегmatozoïdes !
    800_P160_-_Clin_doeil_philhelmien__%C3%A0_Victor_BRAUNER_-_2011.JPG


    005_victor_brauner_theredlist.png


    10483925tn.jpg


    ---------------------------------------------------------------------------


    Voilà je m'arrête là, sans aucune prétention d'exhaustivité ni d'avoir fourni un "échantillon représentatif" de Victor Brauner.


    Cette oeuvre échappe à toute saisie, comme l'anguille, qui glisse ; elle foisonne et elle se faufile, vers chacun, comme une surprise.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 20:17
    Les livres disponibles (malheureusement, celui de Didier Sernin ne l'est plus en librairie),à propos de Victor Brauner :


    - De Sarane Alexandrian, une femme étroitement liée au mouvement surréaliste, et qui en a une compréhension active et sensible (18,25 euros ; numéro identifiant du livre : 2-84898-014-1)
    9782848980140FS.gif


    - Une étude dédiée aux rapports de Victor Brauner avec les arts dits "primitifs", par Sammy Kinge (20 euros ; numéro identifiant du livre : 2-9519326-3-4)
    9782951932630FS.gif
  • mistrel Membre confirmé
    mistrel
    • 25 juin 2014 à 20:26
    Merci de nous faire découvrir ce peintre dont j'avais entendu parler mais dont je n'avais pas eu la curiosité d'aller voir ces toiles composees sur ton post par des images insolites et envahies par des créatures chimériques.

    Très bel article culturel qu'on lit et regarde avec рlаіsіг .
  • 50_nuances_de_bi Membre suprême
    50_nuances_de_bi
    • 25 juin 2014 à 21:18
    Ca ressemble à du Picasso.....
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 22:19
    Ca ressemble à du Picasso.....

    Par rapport à Victor Brauner, Picasso est d'un classicisme ronronnant.


    Et, si plutôt que de réduire Victor Brauner à un imitateur de Picasso, ce qu'il ne peut pas être, car il a commencé à peindre hors de son orbite, ne l'a jamais fréquenté, et s'est mis sous l'influence des arts dits premiers (surtout de l'Amérique et non de l'Afrique comme Picasso) et sous le commandement de son inconscient, Biworld, tu regardais, pour lui-même, ce peintre ?


    C'est très SOMMAIRE et très injuste pour un peintre comme Victor Brauner que de le réduire à PABLO PICASSO, à partir de je ne sais quels traits de ressemblance que je ne distingue PAS DU TOUT;


    La célébrité de Pablo Picasso n'effacera pas toute l'inventivité et le chemin personnel de Victor Brauner, lequel ne doit RIEN à Picasso.
  • toon Membre pionnier
    toon
    • 25 juin 2014 à 22:22
    Ca ressemble à du Picasso.....

    Vous êtes mal-voyant?
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 22:39
    large.jpg


    Victor_Brauner_1946_XX_The_Triumph_of_Doubt.jpg


    u_71_693228192012_3447_m_victor_brauner_002.jpg


    large.jpg
  • toon Membre pionnier
    toon
    • 25 juin 2014 à 22:48
    large.jpg

    C'est marrant cette revisite de Rousseau!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 22:49
    Ca ressemble à du Picasso.....

    Vous êtes mal-voyant?

    Il semblerait : j'ai beau cherché, je ne vois aucun point commun avec Pablo Picasso. Je suis tout déconcerté.

    Ni la palette, ni l'atmosphère d'inquiétude et de cruauté, ni les personnages (qui n'ont rien à voir avec les déconstructions cubistes !), ni le style, ni les matériaux employés n’apparentent Victor Brauner à Pablo Picasso.

    Même une œuvre - sombre - de Pablo Picasso comme "Guernica", faite pour le pavillon républicain de l'exposition à Paris, afin de dénoncer la tuerie par les bombardements nazis au pays Basque ne tгапsmet pas ce que tгапsmet Brauner en fait d'inquiétude : les symboles de Pablo Picasso sont lisibles et réductibles à des équivalences communes, alors que cette opération de réduction ne peut avoir lieu pour Brauner, donc l'inquiétude demeure quand on regarde un de ses tableaux..

    Me semble-t-il.

  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 25 juin 2014 à 22:54
    Oui, Brauner revisite Rousseau, et si nous avons la forêt, le flutiste, nous avons aussi ce corps multiple, qui met mal à l'aise : Rousseau est un naïf, sa cruauté ne saisit pas, le tigre rôde comme un gros chat ; là comme une atmosphère qui flotte et tourne...

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