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Vivre malgré tout... - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Vivre malgré tout...
  • gaypacs Membre expérimenté
    gaypacs
    • 10 mars 2012 à 20:32
    Je n'arrivais pas à croire ce que je lisais dans le message de mon valentin. Le romantisme qui caractérisait notre relation platonique laissa une place bien trop grande à l'anticipation de notre séparation, que ni l'un ni l'autre ne voulions.

    « J'ai le SIDA », avait-il écrit. Ces quelques mots résonnent généralement comme une punition aux instabilités sехuеllеs des personnes concernées ; mais pas dans le cas de Lukas : son désir de dépistage provenait d'un risque qu'il avait subi forcé il y avait un an. Pourquoi avait-il tardé à vérifier l'absence d'anticorps ? Et pourquoi le service post-viol de l'hôpital ne l'avait-il pas fortement incité à suivre un traitement préventif dans les quarante-huit heures ?

    Ma première réaction fut de lui certifier que cette nouvelle ne changerait rien, que notre couple durerait tant que l'amour subsisterait, et que ma seule peur était de le voir souffrir et mourir. Mourir... une certitude, en effet. Malgré les trente années de Recherches pour créer un vaccin, nous ne pouvions espérer que prolonger sa vie, en espérant que le virus ne se déclarât que le plus tard possible. Je savais également que, par choix de Johan, je serai presqu'exclusivement le seul à savoir et donc à le soutenir.

    Son criminel mental, bien qu'étant emprisonné, continuait à enfoncer ses poignards virtuels et allait aboutir à la destruction physique de son existence, qui, jusque là n'était que psychique. "Il sortira libre dans quelques années, me disais-je. Il recommencera à détruire la vie d'autres personnes". Comment condamner cet ignoble individu à « payer » pour ce deuxième crime ? Faire justice soi-même semble être la seule solution. Oui la seule. Et qui pourrait m'en vouloir ? Venger mon amour pour protéger les autres futures victimes, n'est-ce pas acte louable ?

    En dehors de cette haine envers l'agresseur de Lukas, je me sentais ... serein ? Dépité ? Résigné ? Et Johan ? Lui qui suivait depuis un an une thérapie pour tenter de surmonter ses peurs des hommes qu'il voulait aimer, comment survivrait-il psychologiquement à ce nouveau séisme intérieur ? Et comment pouvais-je l'aider ?
    Je ne me demandais pas comment nous allions vivre sехuеllеment cette situation ; je l'aimais tellement que j'aurais été capable de ne pas me protéger... pour vivre aussi longtemps que lui. Mais nous avions des enfants à élever. Ses enfants, qui étaient devenus les miens avec le temps. Je devrai gérer leur souffrance, leur manque paternel. Et d'ailleurs, je lui avais promis que s'il lui arrivait quelque chose, je serais là pour eux... sachant que l'administration me les retirerait aussitôt que l'absence de document de filiation serait attestée...

    Comment survivre dans un monde aussi cruel ? Comme la santé, le bonheur ne consiste pas seulement en l'absence de maladies ou de défauts existentiels... mais d'obtenir la plus grande satisfaction possible sur les рlапs physique et moral. Comment allais-je surmonter tout ceci ?
  • borgia Membre pionnier
    borgia
    • 10 août 2015 à 23:53
    C'est poignant.
  • adrenalinea Membre élite
    adrenalinea
    • 11 août 2015 à 22:49
    Bonjour,
    c'est très bien vu et très bien écrit
    c'est de qui??

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