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A peine est-il un an, le temps a pris congé - Littérature & poésie

Sujet de discussion : A peine est-il un an, le temps a pris congé
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 13 décembre 2014 à 20:16
    A peine est-il un an, le temps a pris congé,
    Le temps a décampé, tu es mort dans l'hiver
    - Je ne tutoie qu'un rien, rien qu'un semblant d'hier,
    Une image entamée, un néant prolongé -,

    Tu es parti matin, silhouette allongée
    Dans un corps évidé - la mort était en tiers,
    Ta cage thoracique un entrelacs de fer,
    Les couleurs empruntées, coulée des vents plombée - ;

    Les phrases emportées, les mots sont dépecés
    Et désarticulés - que la сhаlеuг est vaine,
    Ne venant rétablir les riens dépêchés

    Dans ce qui les dissipe ! -, les vocables ont leur traîne
    Recouvrant d'apparence la pleine adversité,
    Seulement reconnue grâce à la cécité.

    Climax, le 13 Décembre 2014.

    Il y a un an mourait C. J. S. G. de A., à Villeubanne. Il est enterré en Algarve (Portugal).
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 13 décembre 2014 à 20:42
    Comme le temps passe, les souvenirs sont si présents, les visages si vivants, que ton ami repose en paix, Climax. Tu as maintes fois évoqué votre relation, nous avons presque l'impression de le connaître. Bon courage, en cette date anniversaire.
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 13 décembre 2014 à 20:53
    Climax, notre seule éternité, c'est la mémoire des autres. La sienne passe à travers nous grâce à tes témoignages, et tes écrits. Je suis heureux que tu me permettes de participer à ce mouvement, par ma lecture et mes commentaires.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 13 décembre 2014 à 21:04
    Il y a de l'impudeur à dire, comme si un mort pouvait être matière à dire et à tisser des mots et à prendre la pose.

    Cependant, Simon (qui me faisait le prénommer Simon, selon un de ses patronymes) a ma compassion : ce n'est pas la pitié, sentiment qui rabaisse et celui qui s'y prête et son destinataire, mais une affection composée du regret de ce qui aurait pu être et n'a pas été, du regret de ce qui a été et qui fut souvent un malentendu, du regret tout court.

    Et comme le silence ne dit rien, et que ce rien est inhumain, voilà un souvenir de mon Simon, qui fut trop peu le mien.

    Le non-dit a excavé notre vie.

    Je l'aimais, c'est tout. Et je ne le verrai plus.
  • imotep8 Membre pionnier
    imotep8
    • 13 décembre 2014 à 21:06
    Non mais tu en parles bien.

    Merci pour cela.
  • anthume Membre occasionnel
    anthume
    • 13 décembre 2014 à 21:53
    Curae leves loquuntur, ingentes stupent (Sénèque)

    (Les petites douleurs nous font parler, les grandes nous rendent muets).
  • yves.qc Membre élite
    yves.qc
    • 13 décembre 2014 à 23:52
    Un triste anniversaire je l'avoue, mais bon la vie continue, lui ne souffre plus.. toi oui! Je peux comprendre ta peine c'est encore très récent!

    Je n'me suis jamais remis de la mort de mon meilleur ami, mon pote comme vous dites, décédé à mes côtés lors d'un tragique accident d'auto il y a de ça 33 ans. Je rêve à lui régulièrement, des rêves troublants qui me tourmentent plusieurs jours!

    Je t'offre c'est deux chansons d'un québécois que je crois que tu apprécies bien!

    Bon courage Climax!



  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 14 décembre 2014 à 15:24
    Très joli poème Climax.

    Cependant, et je risque peut-être d'en choquer certains, mais aller jusqu'à partager son identité complète ainsi que l'emplacement exact de sa tombe me fait un peu froid dans le dos. Cette impudeur extrême est assez dérangeante et - si je pousse un peu la paranoïa - potentiellement dangereuse. Ceci dit, si cela t'aide, c'est très bien...!

    Bon courage.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 14 décembre 2014 à 19:40
    Je me rends aux arguments de Danoushka.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 14 décembre 2014 à 21:03
    Curae leves loquuntur, ingentes stupent (Sénèque)

    (Les petites douleurs nous font parler, les grandes nous rendent muets).

    Les grandes douleurs, celles qui рéпètгеnt, endolorissent et englobent au point de barrer l'horizon, sont tellement prégnantes qu'elles rendent le langage inadéquat : ce qui est à vif ne pourra être transmis, dans son intensité, par aucun mot, et il ne reste plus qu'à hurler ou à rester hébété de souffrance.

    Comme je suis un être humain, et que je ne peux être au diapason d'une souffrance identique à elle-même dans son intensité, je profite des décrues de la peine pour parler ; et il y a aussi l'obscénité du temps qui passe, et qui amoindrit ce qui était si aigu, grâce à quoi je peux vivre encore, ce qui est heureux pour moi.

    La fidélité n'est pas dans la poursuite mortifère d'un même destin. La mort, de toute manière, viendra bien assez tôt, hélas.

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