Il me vient des mots de Louis Aragon : "Aimer, à perdre la raison."
Je trouve que lorsqu'on imagine ce que ces quelques mots magnifiés peuvent recouvrir, quelle idée sublime de l'aЬапԁon, n'est-ce-pas ? :=)
Je présume que tu vises par le mot "aЬапԁon" le don que l'on fait de soi, sans réserve, sans retour, sans rester sur ses gardes ; l'éblouissement de l'amour, l'amour qui ne calcule ni les loyers à payer ensemble, ni la nourriture, l'électricité, le gaz & autres charges afférentes qui exigent un ou deux salaires (deux, c'est mieux et plus facile) ; la donation de soi-même.
On peut l'entendre d'une manière moins favorable : s'aliéner, devenir étranger à soi-même, et que l'autre -aimé, adoré, adulé- devienne l'être où l'on anéantit son identité, si bien cet autre vient-il à manquer, à s'absenter, à mourir, l'on (et ce "on" indéfini est très adéquat) est absent à soi-même, ailleurs, en souffrance.
Dans l'amour, les frontières individuelles se brouillent, toujours & l'autre devient idéal, et notre idéal ; est-ce une raison pour "perdre la raison" ? Méfіопs-nous des amours qui ne tablent que sur la part fantasmatique et irrationnelle de nos esprits ; pourquoi nous amputer de la raison, vaillante capacité de raisonnement, utile et salutaire.