Le professeur Montagnier a toujours manifesté une liberté d'esprit qui lui a permis de s'extraire des canons de la médecine. Les grands chercheurs doivent non seulement cultiver cette liberté d'esprit, mais également déployer des trésors d'imagination pour explorer, prospecter, des pistes nouvelles. Encore faut-il que cette imagination ne s'opère pas au détriment de la rigueur scientifique.
Ainsi a-t-il pu mener - avec son équipe puisqu'il n'était pas seul sur le coup - des recherches éminentes sur le VIH ; des recherches qui l'ont mené, avec François Barré-Sinoussi, au prix Nobel.
Et ensuite, Luc Montagnier s'est compromis à soutenir à tout vent des thèses médicales plus ou moins farfelues qui ne relevaient pas toutes de son domaine de spécialité :
- le jus de papaye fermenté pour soigner la maladie de Parkinson (ce qui a fait les beaux jours des parapharmacies avec leurs "alicaments" de fruits fermentés)
- le soutien aux théories non prouvées sur la mémoire de l'eau
- la recherche sur la maladie Lyme soutenue par des pratiques fiscales douteuses
Et aujourd'hui, le professeur Montagnier donne du crédit à une publication non-scientifique de l'Institut indien de technologie de Delhi (qui a été retirée en raison de ses faiblesses et de son détournement par les sites complotismes) pour affirmer que le virus responsable du covid-19 a été modifié par les Chinois. La modification génétique est une simple hypothèse non-prouvée scientifiquement et d'autant plus discutable que plusieurs autres virus naturels connus présentent les même particularités génériques communes au VIH et à notre SARS-CoV-2.
Alors oui, nous avons besoins d'esprits libres comme celui du professeur Montagnier pour ouvrir des champs nouveaux de recherches ; pour susciter des interrogations et des controverses importantes au sеіп de la communauté médicale. Mais nous avons tout autant besoin d'études sérieuses et de preuves scientifiques solides avant de verser dans le sensationnalisme.
Pour ma part, j'attendrai ces preuves.