Si nous élevons nos filles afin qu'elles des femmes libres, nous peinons à libérer nos fils des stéréotypes de genre.
Nous le savons depuis Hubertine Auclert, pionnière du féminisme : c'est par l'éducation, notamment l'école, que les filles vont conquérir leur indépendance, sortir de l'autocensure et des croyances autolimitantes. En revanche, on a trop peu souligné l'importance de l'éducation des garçons dans la conquête de l'égalité. "les deux versants vont de pair, affirme la sociologue Christine Castelin-Meunier, qui vient de publier "et si on réinventait l'éducation des garçons ?" (éditions Nathan). On ne peut plus continuer à élever nos fils comme des petits rois baignés dans les valeurs masculines archaïques traditionnelles telles la rivalité, la compétition, la loi du plus fort ", insiste t elle.
Pleure si tu es un homme
Mais ne sommes nous pas, surtout depuis #me too, persuadés que l'éducation des garçons a changé ?" hélas, nous sommes encore, nous les adultes, parents et enseignants, pétris de stéréotypes genrés inconscients" déplore Christine Castelin-Meunier. Garçons turbulents et petits génies contre filles soigneuses et laborieuses : les clichés perdurent dans les écoles ! "à la maison aussi, même si les choses ont évolué, on a toujours du mal à supporter leurs hésitation, leurs tâtonnements, leurs pleurs et leurs émotions, à tel point que l'on fabrique trop souvent des" handicapés émotionnels ", particulièrement dans certaines cultures où être un homme," c'est n'être pas sensible comme une meuf ", constate la sociologue.
D'après elle, notre société tout entière vit dans l'angoisse archaïque de la dévirilisation et les garçons dans la phobie de perdre leur toute-puissance. "il est temps de mettre fin à cela et d'entraîner les garçons vers les" valeurs humaines"en les incitant à exprimer leur sensibilité. En 2020, les parents n'ont aucun mal à inscrire leur fille au foot, mais ils éprouvent encore de difficultés à accepter que leur fils enfile des chaussons de danse, déclare Christine Castelin-Meunier. "c'est très regrettable, car les activités extra-scolaires sont un vrai levier vers la mixité."
Une fille n'est pas forcément une mère ou une amoureuse
Pour la sociologue, c'est cette crainte de la dévirilisation qui empêche aussi les parents, les pères en particulier, de complimenter les garçons sur leur gentillesse, leur sens de l'aide ou leur beauté : il faudrait "dégenrer" les compliments, ne pas opposer la force des garçons à la beauté des filles et féliciter les garçons quand ils expriment de l'empathie vis à vis de leurs camarades, encore une qualité que l'on attribue traditionnellement aux filles, qui sont surreprésentées dans les professions du "care", le soin aux autres. Or, poursuit la sociologue, plus on identifie les qualités des enfants, plus on les renforce. " il faudrait également, dès le plus jeune âge, encourager les amitiés mixtes. Dès qu'un garçon joue avec une fillette, souligne Christine Castelin-Meunier, on s'en amuse :" il a trouvé une amoureuse ! " Mauvais réflexe. C'est laisser croire aux garçons, même très petits, qu'une fille ne peut être qu'une maman ou une amoureuse. Comment dès lors les habituer à travailler main dans la main avec des femmes, voire accepter l'autorité d'une chef ? Je suis frappée par le fait que l'on envoie très peu de messages de douceur et de bonheur aux garçons. Et ce d'autant plus que certaines femmes, depuis peu, expriment un ressentiment, voire une vraie haine du masculin. Face à cela, les garçons risquent, à terme, de renforcer une attitude défensive et de devenir les machos de demain " conclue la sociologue.
Papa d'un p'tit mec de 8 ans, je l'éduques en ce sens et il s'en porte très bien !!!