Je vous ai déjà parlé de cet homme qui mange les pissenlits par la racine. Eh bien figurez-vous qu’il avait une femme, Églantine, une belle plante dans la fleur de l’âge.
Autrefois elle voyait la vie en rose mais à présent elle a les nerfs à fleur de peau. Cela dit elle affronte le veuvage la fleur au fusil. Elle qui avait fait l’école buissonnière dans sa jeunesse passait son temps à cueillir des pâquerettes depuis son mariage. Aujourd’hui elle se retrouve fauchée comme les blés.
Un matin elle se réveilla avec la gueule de bois. Elle vomit (ça ne sentait pas la rose moi j’vous le dis) et résolut de prendre la clé des champs plutôt que prendre racine. Après tout elle avait le champ libre!
Elle gagna le cocotier en participant à un concours de beauté ou elle affronta des candidates bêtes à manger du foin dans des épreuves au ras des pâquerettes. Faisant feu de tout bois, elle n’hésita pas à charrier dans les bégonias pour impressionner à tout bout de champ, tout en évitant d’utiliser un langage fleuri. C’est ainsi que les autres filles furent jetées aux orties. Pour la finale, la prod’ décida de tirer à la courte paille.
«ça sent le sapin! se dit Églantine.
Rouge comme une pivoine, elle avait les jambes en coton. Que faire? Elle se voyait déjà inaugurer les chrysanthèmes lors d’événements publics. Faire plante verte, c’était son rêve! Alors elle tricha.
Mais le jury veillait au grain et découvrit le pot aux roses.
«C’est le bouquet! Déclara-t-il. Vous filez un mauvais coton!»
Elle fut envoyée sur les roses sans délai. Tout de même, il ne fallait pas pousser mémé dans les orties!