Pour ce qui est de ma situation personnelle,
J'ai été donneur par le passé (sang total, plasma, plaquettes), mais j'ai arrêté de donner lorsque j'ai commencé à avoir des relations avec des garçons.
Depuis, l’Établissement Français du Sang m'écrit souvent pour m'inciter à donner. Dernièrement, les campagnes de collecte se sont intensifiées, et je reçois des invitations fréquentes à donner.
Comme je n'ai pas l'intention de tromper les questionnaires médicaux et certifier sur mon honneur que les informations données par moi sont exactes, je ne fréquente plus les centres de dons. J'avais hésité un instant à mentir, en me disant que les vies potentiellement sauvées valaient bien quelques bobards, mais je me suis ravisé. Voilà qui est sans doute dommage pour les patients en attente d'une tгапsfusion de produits sanguins. J'avoue avoir ressenti quelques piqûres d'insecte sur ma conscience.
Pour ce qui est du "recours" présenté dans l'article,
Jusqu'à présent, la justice, à l'instar de la Cour européenne des droits de l'homme, avait refusé de condamner les États membres de l'UE pour rupture d'égalité entre les citoyens hоmоsехuеls et hétéгоsехuеls. La Cour avait validé les arguments des partisans d'un "principe de précaution", invoqué contre les donneurs potentiels, qu'ils soient hоmоsехuеls, Ьіsехuеls, ou hétéгоsехuеls ayant eu une relation hоmоsехuеllе durant leur vie.
Pour l'heure, d'un point de vue juridique, la restriction à l'encontre des hоmоsехuеls, imposée par certains États, concorderait avec une directive de la Commission européenne datant de 2004. L'article 4 de cette directive - en visant son annexe III - exclut définitivement du don de sang les "Sujets dont le comportement sехuеl les expose au risque de contracter des maladies infectieuses graves transmissibles par le sang".
Mais il existe - dans le même annexe - une interdiction temporaire pour les "Individus dont le comportement sехuеl ou l'activité professionnelle les expose au risque de contracter des maladies infectieuses graves transmissibles par le sang". Dans ce second cas, l'interdiction ne doit durer que durant la période considérée comme "à risques" et prendre fin après que des tests ont été effectués à l'issue des délais d'incubation.
Étant donné que la législation européenne ne contient aucune référence à l'hоmоsехualité, la Cour de justice de l'UE est saisie d'un renvoi préjudiciel par un tribunal français. L'enjeu de cette procédure est purement interprétatif. Il n'est pas de savoir si une restriction contre les hоmоsехuеls est légale ; elle a été validée depuis longtemps. Il s'agit maintenant de savoir si, au nom de la directive de 2004, les personnes ayant eu ou ayant des rapports hоmоsехuеls doivent entrer dans la catégorie de l'interdiction définitive, ou temporaire.
Si le choix de l'interdiction temporaire est fait par la Cour, les relations hоmоsехuеllеs cesseront d'être - par nature - des pratiques "à risques" toute une vie durant. Si la personne en question a effectué un test, qu'elle a une vie de couple stable, sans changement de partenaire, elle pourra devenir donneur.