Non, il n'y a pas de courage dans cette affaire…
J'ai coché deux fois la case cancer et on m'a dit plusieurs fois que j'étais courageux.
Foutaise; si le cancer choisit les courageux, autant être la dernière des mauviette…
Non, ça te tombe sur le coin de la gueule un beau matin.
Tu t'en rends compte parce que tu viens de repeindre tes wc en rouge sang ou que te lever de ton lit est subitement une tache presque insurmontable.
La suite dans ce drôle de jeu qui s'appelle "attrape moi avant que je te tues" est plus ou moins écrite d'avance.
On s'en sort quand on rentre dans la course médicale avec pas trop de retard.
Sinon, avec ou sans traitement, la différence, c'est surtout la longueur de l'agonie.
Ceci posé, je me sens mal dans ta comparaison Africains sans traitements vs favorisé qui se paye le luxe de suspendre, Climax.
Dans les deux cas, tu as une personne qui souffre, quelqu'un qui voit la peur dans les yeux de ceux qui l'aiment.
Tu as un mortel qui est torturé parce qu'il va sans doute laisser des gens qui comptaient sur lui pour devenir grand ou adoucir leur vieillesse.
Au lieu de cela, les petits, dans chaque cas, vont suivre prématurément un cercueil et les vieux regretter de ne pas être parti avant, le conjoint (et tu en sais quelque chose) se sentant souvent plus mort que vivant.
La problématique est la même pour tous face à la mort.
Mais je te rejoins pour constater qu'on y va beaucoup plus facilement en Afrique que par chez nous.
Si j'étais sénégalais, je serai mort depuis bien longtemps, à affections égales.
Mais les aurai-je eu, ces maladies
Je serai probablement passé à coté du tueur ukrainien de thyroïde de 1986 et probablement qu'un régime pauvre en viande, riche en fruits et sans nourriture raffinée aurait ménagé mon boyau.
Si j'avais eu la chance de ne pas me faire contaminer par les sаlореries d'un occident qui prend l'Afrique pour ses chiottes, j'aurai peut-être persévéré dans la santé.
Paradoxe de la misère qui porte aussi en elle son lot de consolation…
Pour avoir accompagné mon frère, assassiné grâce à l'amiante, je peux affirmer que la douleur du cancer cesse avec la vie de celui qui le porte et qu'elle survit chez ceux qui restent.
À ce moment, on peut parler de courage et il faut passer par là pour se rendre compte que la mort est parfois plus douce que la vie