Il est loin le temps où l'on souhaitait à la naissance de Clotaire deuxième du nom, futur roi mérovingien, qu'il réalisât ce que son nom signifiait. Non seulement « Clotaire » a une étymologie dans laquelle guerre et gloire se donnent la main ; mais celui qui avait porté ce nom précédemment l'avait hautement illustré en rassemblant sous son commandement un royaume franc morcelé après la mort de Clovis.
Appeler un enfant Clotaire revenait à faire reposer sur ses épaules la responsabilité politique et militaire lourde de ne pas laisser ternir l'éclat du nom prestigieux de son grand-père paternel. Honte à celui qui déshonorerait son aïeul par un règne médiocre de roitelet sоumіs. Et savez-vous quoi ? Clotaire II - à l'instar de papi Clotaire - refit l'unité du royaume.
Le prénom est un repère qui donne à celui qui le porte une place dans un groupe culturel, dans un groupe social, dans un groupe familial. Le prénom est aussi - il faut y penser - une indication envoyée à la société sur le groupe dans lequel les parents ont choisi d'identifier leur enfant.
Que n'ai-je pas vu dans les pages d'état-civil des petits Zidane en 1998 et plus récemment des petites Rihanna et des petits Kendji, donnés aux enfants en fonction des centres d'intérêts et des goûts musicaux des parents ? Ainsi ces personnes porteront-elles toute leur vie la marque de l'emballement de leurs parents pour une mode, avec tout ce que cela peut impliquer de péjoratif pour ceux qui y accordent de l'importance.
Pour ce qui est de ma situation personnelle, mes parents ont trouvé pour moi - malheureusement en dehors de toute histoire familiale et de toute référence historique - un prénom facile à porter qui n'est ni trop commun, ni le reflet facile d'une mode ridicule. Et ils ont eu l'intelligence de me donner comme deuxième et troisième prénoms ceux - assez datés et marqués - de feux mes grands-pères ; des prénoms que je suis très heureux de porter et qui illustrent l'histoire différente de mes branches maternelle et paternelle.
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