"A mon tour de me lancer dans la critique littéraire avec ce roman que j’ai dévoré en 24h à peine.
Klaus est rescapé de Buchenwald. C’est un triangle rose. Il rentre chez lui dans le Leipzig en décombres de ce novembre 1945. Affronter le regard de sa famille qui le croyait mort et son frère qui l’епvіе et le haït. On comprendra plus tard quel secret les habite.
C’est le roman des 1eres fois : le 1er amour, la 1ére relation sехuеllе après le drame, la 1ere pomme qui file la chiasse, le premier lit dans lequel on ne s’habitue pas à dormir, le savon qui ne sent pas bon.
Le roman des impossibles : impossibilité de raconter combien la biche a souffert , impossibilité de fêter les retrouvailles car ce serait dire pourquoi on a interné le fils.
Le salut dans la fuite, le temps de la reconstruction mais rien n’a changé dans le Paris d’après-guerre. Etre communiste, juif, Témoin de Jéhovah ou Boche, ça passe. Un pédé non. Les coups pleuvent et toujours le silence.
Jamais de dialogue, tout le récit se fait par les yeux de Klaus, son monologue intérieur. Obligé de se taire mais parfois cela ressort comme dans ce train qui emmène René et Klaus en France.
Les années passent. Klaus a 60 ans, sa famille a disparu. Hans le premier amour revient chaque jour, chaque nuit comme un rappel du matricule. La biche et l’ange. Et Julien, qui traverse la vie, tient bon dans une France où être homo est encore un délit. Et puis, les chats éventrés, les coups de trop.
Il n’est plus temps de se taire, il faut hurler, parler, raconter, témoigner et montrer ce matricule 5395.
Et là……'
Daniel Arsand, Je suis en vie et tu ne m'entends pas, Actes Sud