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"L'escargot entêté" de Rachid Boudjedra - Littérature & poésie

Sujet de discussion : "L'escargot entêté" de Rachid Boudjedra
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 février 2015 à 17:52
    En six jours d'une vie réglée, renfermée, solitaire, hantée de préoccupations toujours les mêmes, рéпétгée des mêmes expressions, le chef du service de la dératisation se délecte à ses mélanges de poisons qui ont fait de lui un zоо-toxicologue de renom, dans l'étroite communauté de ceux qui sont les gardiens de la civilisation contre les rongeurs qui la minent.

    Mais l'inquiétude est son climat intérieur. Obnubilé par le sort que risque de subir le gazoduc qui parcourt la ville, l'approvisionne et livre à d'autres pays des hydrocarbures, il s'emploie à repousser l'invasion des rats, des surmulots, et autres rongeurs, et il déplore la légèreté de ses contemporains.

    Il a bien tenté de suggérer à ses supérieurs une campagne-choc sur les "cinq millions de rats" habitant la ville, mais l'on a repoussé ce qui pourrait alarmer le simple quidam.

    La pluie ne cesse de tomber. Et tell une goutte ne cessant de creuser au même endroit, une obsession le creuse : l'escargot qui le nargue chaque fois qu'il sort de sa maison.

    Escargot : hermaphrodite répugnant par sa capacité à jоuіг intensément lors de ses accouplements, où il est à la fois mâle et femelle. Ce рlаіsіг démultiplié dégoûte le chef du service de la dératisation, lui qui a fait de la non-prolifération humaine - il n'est pas marié - une règle de sa vie.

    Fidèle serviteur de l’État, il pousse la fidélité jusqu'à s'abstenir de croire en Dieu. Si bien que même cette relation avec une transcendance lui est interdite. Et la piètre opinion que sa mère avait de son père en fait un être très déraciné.

    La montée de sa paranoïa est suivie avec une précision cliпіԛuе, au fil des pages.

    Le narrateur est le dératiseur en chef qui nous livre le cours répétitif de ses réflexions, allant crescendo.

    Ce roman, déjà ancien, est une lecture qui fait frissonner !

    Il est disponible dans une collection de poche :

    product_9782070376865_195x320.jpg

    L'édition dont je dispose :

    Boudjedra-Rachid-L-escargot-Entete-Livre-876322744_ML.jpg
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 février 2015 à 18:01
    Renouons avec les compte-rendus de lectures, si vous le voulez bien !

    Pour un рlаіsіг que j'ose espérer partagé.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 8 février 2015 à 18:09
    .
  • didmi83 Membre pionnier
    didmi83
    • 8 février 2015 à 18:12
    Francis Jammes est un très beau poète . Un jour , il a mis dans un quatrain un âne et une abeille ...

    " L'âne et l'abeille "
    Gilles Lapouge ( Albin Michel )
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 8 février 2015 à 18:39
    Je crois qu'avec se roman, Rachid Bougera est revenu à ses premières amours littéraires. Noir ; flirtant avec la folie. C'est assez "célinien", quand on y pense.
  • greenary2 Membre élite
    greenary2
    • 8 février 2015 à 18:41
    Je crois qu'avec se roman, Rachid Bougera est revenu à ses premières amours littéraires. Noir ; flirtant avec la folie. C'est assez "célinien", quand on y pense.

    aie! je doute que Climax apprécie Céline
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 8 février 2015 à 18:48
    Je crois qu'avec se roman, Rachid Bougera est revenu à ses premières amours littéraires. Noir ; flirtant avec la folie. C'est assez "célinien", quand on y pense.

    aie! je doute que Climax apprécie Céline

    Moi, j'aime beaucoup, en tout cas !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 février 2015 à 19:05
    Mais je peux apprécier Louis-Ferdinand Céline, en le dissociant de son être social.

    Je peux aussi l'apprécier, en tenant compte de ses romans "Mort à crédit" ou "Voyage au bout de la nuit".

    Ses derniers romans ont des accents de fin du monde, avec une obsession raciale/raciste : c'est une épopée qui sait croquer la bassesse de la cour du Maréchal Pétain, et celle des nazis (la misanthropie célinienne avait cette qualité : le mettre à une distance lui permettant de saisir les objets de sa haine).

    Et je passerai sur ses pamphlets antisémites (et par ailleurs anti-tout), qui prennent leurs sources dans la propagande nazie.

    Dès la parution de ces pamphlets, le livre de Kaminski caractérisait bien Céline, qui s'ennuyait à ne pas être persécuté, à jоuіг d'une certaine gloire littéraire, si bien qu'il glissa sans se faire violence vers l'éructation assassine :

    1877.jpg


    Une intéressante émission de "Arte", en 2011, nous livre les débats de contempteurs et de partisans de Louis-Ferdinand Céline (rappelons que cette année-là, en raison de son collaborationnisme avec les nazis, il avait été exclu des célébrations nationales) :

    https://archive.org/details/LeProcesCeline
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 février 2015 à 19:11
    Oui, Yggdrasil, Rachid Boudjedra sait décrire de l'intérieur d'une réflexion égrenant les mots mille fois ressassés la montée de la folie ; ce roman, "L'escargot entêté", est très réussi pour cela.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 8 février 2015 à 19:24
    Céline faux antisémite et véritable misanthrope ? Le personnage était en lui-même repoussant, auteur crasseux vivant reclus. Berk.

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