JE PREFERE MARIZA......
http://www.youtube.com/watch?list=QL#!v=6Iapqgekl3I&feature=BF
Deux époques différentes !!!
Je m'explique ; ça va être long ; que les impatients zappent !
Mariza, pour les puristes du fado, est une "hérétique" ; mais si vous interrogez les Portugais, le peuple, les amateurs, ils se mettront vite d'accord sur l'exceptionnelle vitalité des interprétations de Mariza ; et ils vous diront tout le bien qu'ils pensent de cette femme, issue de l'immigration mozambicaine (eh oui !), qui insuffle de la vie au fado, d'une voix puissante qui ne sacrifie pas la sепsuаlité, et qui sait combien-au contraire de Cristina Branco, par exemple, et de sa joliesse de voix qui me laisse insatisfait- le Fado doit se jouer, se porter, s'exalter, "s'assumer" dans sa gravité essentielle et ses torrents de gaieté.
Mariza est une grande voix, qui ne renie rien du tragique du fado et qui sait l'exprimer. Et grâce à elle le Fado se porte bien en ces années 2000-2010. ----- La presse portugaise, dernièrement, la classait comme la femme la plus influente du Portugal !!!
A. Rodrigues souffre d'avoir été emblématique (et même portée au Panthéon portugais) ; elle souffre d'avoir été commercialisée n'importe comment par des compilations qui ne retracent en rien sa carrière d'une cinquantaine d'années (on y retrouve toujours les mêmes fados, "amortis" commercialement) ; elle pâtit d'avoir chanté la "saudade" (nostagie et souffrance) pendant le régime fasciste (de Salazar et Caetano) qui voulait se faire résigner le peuple aux maux que ce régime lui imposait (pauvreté, guerres coloniales, émigration clandestine massive, répression de toute expression syndicale et politique indépendante de la part des travailleurs, conformisme moral, arriération économique) ; mais elle a porté le Fado, elle l'a chanté dans le monde entier ; elle a chanté les plus grands poètes vivants du Portugal ; sa voix avait des inflexions de tendresse, de désespoir, des nuances, et une puissance qui prenait par l'émotion.
Dans son album "Lâgrimas" [en fait l'accent devrait se diriger vers la gauche et n'être point circonflexe], on est d'abord peiné qu' à... euh... 70 ans... sa voix se soit voilée ; mais de l'entendre chanter ses propres poèmes, alors que, fille du peuple, elle n'apprit que tard à lire et à écrire, on mesure le chemin parcouru, la grandeur, et la sепsuаlité indomptée de cette femme.
Prenons aussi le CD de prises inédites publiées après sa mort (des fado enregistrés pendant les années 1970) ; la pureté de la voix est sans égale.
Alors : Mariza, certes !!!! Mais A. Rodrigues : toujours !!!
Et il y a tant d'autres chanteuses que cela ne se réduit pas à une querelle de divas. Sans oublier les chanteurs du Fado de Coimbra, et son grand Rénovateur : José Afonso, "Zeca", l'auteur de "Grândola, vila morena" (qui me bouleverse !!!) dont l'émission sur les ondes de Radio Renascença, à minuit vingt, donna le second signal du putsch militaire qui renversa le régime fasciste, le peuple entrant dans la danse, le 25 avril 1974.