Mon dieu



"L'inconnu", ne crois-tu pas que ce concept, galvaudé, couvre tellement de domaines possibles, peut recevoir tellement d'acceptions, que dès l'abord nous n'allons pas savoir de quoi il s'agit ?
Si nous nous référons aux conduites envers des inconnus, des personnes, nos conduites peuvent varier de la curiosité, de l'ouverture à la méfiance, à la xénophobie (la peur de l'étranger), au doute, à l'évitement.
Déjà que nous avons les plus grandes peines à nous cerner, je ne dis pas ressentir un sentiment d'unité de notre être, mais nous connaître nous-même, de sorte que l'inconnu commence - contrairement à l'idée reçue que tu exploites ici - ni ailleurs, ni avec les autres, mais en nous !
Oui, il y a bien des processus en nous qui nous échappent.
Il y a un problème d'attitude envers l'inconnu : lisant un livre, je peux soit le parcourir distraitement, en ayant décidé de n'en rien apprendre, serait-il chargé d'informations que j'ignore, ou alors je peux décider de le lire, de le feuilleter dans la disposition d'esprit qui me rendra attentif, c'est-à-dire ouvert à ce qu'il peut m'apporter, par ses lignes que je n'ai jamais lues ou que je relis.
Je peux rester fermé, buté, ne voulant pas m'accroître par un apport extérieur, tant je suis incertain de moi-même et effaçable par ce qui pour d'autres apporte des richesses, ou alors entrebâiller ma porte, ma perception, dérouiller mon intelligence, recevoir, et même assimiler l'inconnu.
Plus largement, cela pose le problème de l'attitude devant la vie : la vie est-elle plate, morne, parce que j'ai décidé de ne rien voir de ses nouveautés inconnues (ou parce que les défenses de mon moi sont ainsi, pour protéger un moi labile, au prix de l'ennui) ou vais-je être dans l'attente, plus juste, de chaque moment qui apporte un inconnu, serait-ce une variation du connu, variation inédite ?