On s'en servait beaucoup à la Cour de France, sous les derniers Valois, ou pour écouter aux portes et parler à travers, ou pour lancer plaisamment des projectiles. Ainsi Scarron, dans son
Virgile tгаvеstі, introduit-il comme suit la consultation par Euripide de la Pythie de Delphes :
"voici, par une sarbacane,
ce que lui dit, en voix de cane,
la prophétesse, après avoir,
sur le trépied, fait son devoir,
c'est-à-dire, пuе en chemise,
s'être longtemps tenue assise,
ses deux jambes écarquillant :
cela lui rend le sang bouillant
et lui fait bien enfler la gorge
tant le Dieu dont elle regorge
lui rend le dedans confondu
jusqu'à ce qu'elle l'ait rendu."
Une anecdote fameuse, chez le poète et mémorialiste protestant Agrippa d'Aubigné, raconte comment l'un des favoris d'Henri III, celui des fils de Catherine de Médicis fameux pour son hоmоsехualité раssіvе ("l'autre fut mieux instruit à juger des atours / des рutаіпs de sa cour, et, plus propre aux amours, / avoir ras le menton, garder la face pale, / le geste efféminé, l'oeil d'un Sardanapale, / si bien qu'un jour des Rois ce douteux animal, / sans cervelle, sans front, parut tel en son bal, / de cordons emperlés sa chevelure pleine, / sous un bonnet sans bord fait à l'italienne, / faisait deux arcs voûtés ; son menton pinceté, / son visage de blanc et de rouge empâté, / son chef tout empoudré nous montrèrent ridée / en la place d'un Roy une рutаіп fardée. (...) Si qu'au premier abord chacun était en peine / s'il voyait un Roy femme ou bien un homme Reine" [d'Aubigné,
Les Tragiques, II, v. 773-784 et 795-796]) -- l'un de ses favoris donc usa subrepticement d'une sarbacane de façon à lui adresser sa remontrance au sujet de cette inconduite : ledit courtisan introduisit le tube de bronze dans la ruelle du lit royal et admonesta Henri comme s'il était une voix divine, à la suite de quoi le roi réforma ses moeurs, avant d'être détrompé par un autre de ses familiers.
Voilà, c'était la minute d'histoire littéraire
.