Le Connard
OU
Délit de faciès
Un homme est entré dans le bar où je me trouvais et je l’ai tout de suite catalogué : il avait l’air et l’attitude du parfait connard ! Sapé d’une chemise correctement rentrée dans son pantalon à ourlets et chaussé de mocassins sans chaussettes, il s’est adossé au comptoir de façon nonchalante tout en commandant expressément « un expresso et un sucre » à la serveuse qui s’est aussitôt exécutée. Le connard s’est passé une main dans ses cheveux blonds, sans doute pour montrer qu’il savait attendre avec classe. Son geste eut pour seul intérêt d’ébouriffer un peu plus ses cheveux blonds déjà coiffés avec cet effet « pas coiffé » ridicule qu’il avait mit sûrement 1 heure à obtenir le matin même devant son miroir de connard. Ensuite il a replacé son énorme chevalière sur son ԁоіgt boudiné. La serveuse lui a tendu un gobelet avec un grand sourire que ce connard s’est senti obligé de rendre. Alors il a étiré sa grosse Ьоuсhе sur son visage potelé. Ce connard a posé une pièce en disant « gardez la monnaie » alors qu’il y avait pile le compte et est sorti, une main dans la poche et l’autre refermée sur son café.
Tout ça n’a pas duré plus d’une minute. Mais elle m’a suffi à déduire tout ça sur la seule base de mon observation. Je ne le connaissais absolument pas ce mec ! Ce qui me fait dire qu’en fin de compte, le connard n’est peut-être pas celui que je croyais...