Voilà longtemps que je n'avais pas lu de tels propos...
Pour lutter contre une théorie discutable, on pose des définitions toutes aussi discutables. Les filles, c'est comme ça. Les garçons, c'est comme ça. Elles ont un utérus, donc elles sont meilleures pour garder des mioches. Ils ont des muscles, donc ils empilent mieux les moellons pour élever des murs...
Des hommes maçons peuvent aussi être des gringalets ; des femmes peuvent avoir les épaules et les paluches qu'ils n'ont pas. Quand bien même. On façonne son corps en fonction du métier que l'on exerce ; il faut ajouter, aussi, que l'ergonomie au travail progresse, et c'est heureux. Certaines marâtres, en dépit de leur foufoune, ont autant leur place en crèche qu'une tâche de pinard sur ma chemise, tandis que des bonshommes - façonnés selon le stéréotype du bucheron canadien - sont doux comme des agneaux, même avec le pire des Gnafrons.
Je ne suis guère favorable à la рéпétгаtіоп des programmes scolaires par une idéologie ; je ne suis guère favorable, non plus, à certaines lois sur la parité, parce qu'elles confinent à imposer des recrutements fondés sur d'autres critères que le mérite et la qualification.
Mais il n'en demeure pas moins que l'école de la République n'a pas pour seule vocation de dispenser une instruction. Elle doit garantir, aussi, l'égalité des chances. Une petite fille qui rêve de construire des maisons n'est pas un garçon manqué. Un petit garçon qui rêve d’apposer du maquillage sur un visage, ou de pouponner ne doit pas être frustré dans ses projets sous prétexte qu'il n'est pas une fille et que, sans oser le dire, on craint qu'il ne finisse pédé... Ce genre de préjugés à, un temps, fait de l'école une machine à broyer les vocations, au lieu de les encourager en proposant à chacun la filière qui lui correspond ; et cela indépendamment de ce que les élèves ont - ou n'ont pas - entre les jambes.
C'est important. Car certaines familles sont encore vectrices de préjugés. Combien de parents refusent à leur petit garçon dinettes et poupons, parce qu'il doit devenir un homme ? Combien de petites filles ne reçoivent que ces mêmes dinettes et poupons, parce qu'elles sont des filles ? Les jouets ont été créés pour conditionner les petites filles à devenir des épouses et des mères. Les petits soldats et autres "jouets de guerre", ainsi que les jeux de construction préparaient les petits garçons à occuper une certaine place dans la société. L'école doit pouvoir développer une autre approche.
De même, l'école a pour mission de faciliter l'intégration de chacun dans la société. Les vieux critères sur la féminité et la masculinité, présents incidemment dans les manuels scolaires, n'ont pas nécessairement de lien avec le fait d'être homme ou d'être femme. Ils ont poussé certains élèves à se sentir anormaux, et leurs condisciples à les croire anormaux. Et oui. Il y a des filles assez masculines, et des garçons assez féminins. Elles et ils demeurent des filles et des garçons ; elles et ils deviendront des femmes et des hommes.
Je pense qu'une adaptation des programmes scolaires était nécessaire. Mais, personnellement, je serais intervenu avec plus de mesure et de pondération.