Une petite histoire du PQ,
Au regard de l’actualité pandémique du moment, et de la ruée il n'y a pas si longtemps sur les précieux rouleaux dans les supermarchés, il est pertinent de rappeler l'indispensable outil de notre hygiene апаlе .
Quand les nobles se torchaient avec de la laine parfumée à l’eau de rose, le pli fessier du bas peuple se contentait d’un « bâton merdeux ». Depuis toujours et pour longtemps, l’hygiène апаlе après défécation est un incontestable marqueur social et culturel. Difficile de savoir comment nos plus lointains ancêtres prenaient soin de leur croupe. Ni même s’ils cherchaient seulement à la nettoyer.
Pour trouver trace de témoignages écrits sur la toilette post-défécation, il faut attendre les premiers Grecs.La plèbe se débrouille avec ce qui lui tombe sous la main. Voire avec ses propres mains, même si la norme est alors l’usage de la pierre.d’après Aristophane, la haute société n’hésite pas, pour se distinguer du bas peuple, à se servir aussi de poireaux ou de ses propres vêtements. Un peu degueu ces Grecs !!
Les coutumes romaines en la matière ne sont guère plus délicates.les toilettes publiques étaient équipées dans la Rome antique de petites éponges fixées au bout de bâtons plongés dans des amphores d’eau salée. Plus fiable, le témoignage du poète Catulle, au Ier siècle avant J.C, indique que les patriciens, après s’être soulagés de leurs luttes intestinales dans le fameux « vase des nécessités » – ancêtre du pot de chambre déjà cher aux Egyptiens – disposent de serviettes en tissu. La noblesse apprécie la laine parfumée à l’eau de rose, tandis que le peuple n’est toujours pas sorti de l’âge de pierre. Déjà, la lutte des classes !
Au moyen age , Les mœurs évoluent. Une certaine idée du confort gagne la haute société, où l’on prend soin de son fondement avec de l’étoupe de lin ou de chanvre. Un tampon de filasse fort utile après un passage sur la chaise percée. Le bas peuple, en revanche, est condamné à faire travailler son imagination pour ne pas se retrouver « emmerdé ».Un objet de forme courbe, devenu mythique, va leur rendre bien des grâces : le bâton merdeux. Une poignée de foin ou de terre suffit alors pour finir le travail
.À la Renaissance, la matière fécale inspire en France contes populaires et œuvres littéraires. Le chef-d’œuvre le plus emblématique de ce grand élan sсаtоlogique demeure le Gargantua de Rabelais. Après avoir testé pantoufles, tapis ou orties, le géant glouton conclut qu’« il n’y a pas de meilleur torche-сul qu’un oison bien duveteux, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes. (…) Vous ressentez au tгоu du сul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu’à cause de la bonne сhаlеuг de l’oison. »
Sous l’Ancien Régime, les maisons bourgeoises préfèrent se frotter avec du lin, du velours et même du satin. Les manuels d’hygiène corporelle sont peu diserts sur le soin du pli fessier même si, en 1763, le Conservateur de la Santé mentionne la nécessité de nettoyer « l’entre-fessons ou la raie » pour prévenir les effluves nauséabondes
En 1857, le new-yorkais Joseph Gayetty invente le « papier thérapeutique ». Son nom figure sur chacune des 500 feuilles pré-humidifiées et parfumées à l’aloe du paquet. Mais la production industrielle de rouleaux à usage unique ne démarre qu’à la fin du XIXe, en pleine poussée hygiéniste.
Il faut attendre la fin des années 1950 pour voir le « papier сul » – très vite désigné par ses initiales phonétiques PQ – s’introduire dans les foyers françaisDans les années 1990, les Français se laissent séduire par les vertus du papier double épaisseur qui garantit, d’après Lotus, « plus de sûreté à l’usage » (comprendre : le ԁоіgt ne passe pas au travers !). Autres tendances contemporaines : le triple épaisseur et le papier toilette « compact », qui contient deux fois plus de feuilles qu’un rouleau classique.
Aujourd’hui, plus de la moitié de l’humanité n’utilise pas de papier toilette. Au Burkina Faso ou à Madagascar, le PQ se vепԁ encore parfois à la feuille. En Inde et dans les pays musulmans, la main gauche et un peu d’eau suffisent, la droite servant à se nourrir et ne pouvant être souillée par les excréments. Les toilettes y sont équipées de douchettes flexibles, même si les pauvres se contentent souvent d’un tuyau ou d’un seau rempli d’eau.
Gourmand en eau, le WC lavant a pourtant une meilleure empreinte écologique que le papier toilette, pénalisé par l’abattage des arbres, la production industrielle et l’acheminement des rouleaux. Surtout, le jet d’eau est souvent plus efficace qu’un simple frottement de papier.
Après le lavage des mains et le brossage des dents, la troisième révolution hygiénique sera-t-elle celle de l’апus ?
tiré de Usbek et Rica .