Un coming out tardif, ce n'est vraiment pas simple. On veut soudain entrer dans un univers qui nous était jusque là étranger ou que l'on s'interdisait même de regarder. Mais bon, voilà, c'est fait et je me sens tellement mieux, en accord avec ma nature ргоfопԁе. Je pensais avoir fait le plus dur: grossière erreur !
Cela fera bientôt un an et demi que j'ai annoncé mon hоmоsехualité mais à peine un an que je commence à réellement l'assumer. Je désirais seulement ce que n'importe quel être humain est en droit d'attendre: de l'amour, de la tendresse, cette passion ardente qu'on peut lire dans le regard d'une fille quand elle vous dévore des yeux. D'accord, je sors peu et je ne fréquente pas le milieu. N'empêche, je ne compte plus le nombre de baffes que je me suis prises dans la tête (pas de la part des filles, non, je suis transparente). Mes rares copines homos sont toutes casées et parfois, l'improbable se produit pour elles. Toutes connaissent maintenant le рlаіsіг, le bonheur de tenir une femme dans ses bras, même celles qui se sont découvertes encore plus tardivement. J'ai l'impression que ce bonheur là m'est interdit, comme si le sceau de la malédiction faisait de moi une créature impossible à aimer. Je ne suis pourtant pas repoussante. Depuis mon coming out, je plais même davantage aux garçons (alors que ce sont les filles qui m'intéressent: un comble !). J'avais décidé de fêter la date anniversaire de cette "vie foireuse" le jour de mon véritable anniversaire (fin août) en tirant un trait sur toutes ces déceptions grâce à une lettre d'adieu que je posterais sur le forum où j'ai rencontré la plupart de mes potes, le seul lien que j'ai avec cette existence d'homo, une ouverture sur un monde où je n'étais justement plus obligée de mentir sur qui j'étais. Du coup, j'avais fait en sorte de saisir la moindre occasion de sortie avant de mettre un terme à tout ça. Mais encore et toujours, je vais de déceptions en déceptions. Hier encore, j'attendais beaucoup de deux sorties et cela s'est révélé être un fiasco (pour de nombreuses raisons indépendantes de ma volonté). Il faut faire partie d'un clan sinon, personne ne vous adresse la parole. Et puis, je les acсumule en étant timide ET malchanceuse. Bref, ces nouvelles et ultimes ехрéгіепсеs désastreuses me confortent dans l'idée que je dois oublier ces rêves insensés, supprimer tout désir pour ne plus souffrir. Je dois admettre qu'il existe des gens qui, comme moi, n'ont pas droit à l'amour et à la tendresse, des gens qui ne sont faits ni pour aimer ni pour être aimés. Je posterai ma lettre à la fin du mois d'août, une façon délicate mais directe de tirer ma révérence. J'ai toujours su que j'aimais les filles. En refusant la réalité, j'ai zappé 30 ans de ma vie. J'ai d'ailleurs la sensation de n'avoir jamais vraiment vécu. Quand on renie ainsi sa nature, on ne vit qu'à moitié. Mais, de nouveau, je vais devoir faire le deuil d'une partie de moi et apprendre à survivre avec celle qui reste. C'est le prix à payer quand on est né sous une mauvaise étoile. Soit on l'accepte, soit on crève. Il faut croire que mon instinct de survie a été jusque là plus fort.