Merci pour ton intervention, Climax ; je t'avoue avoir moi-même été formaté dans ma réflexion par la "réduction" de cette citation. Tu as tout à fait raison de remettre cette phrase en perspective, c'est-à-dire dans son contexte original.
Par contre, mon opinion diffère ici :
« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. »
L'on voit que, pour Marx, la religion a une fonction sociale et psychologique, déterminée par l'état de la société, et qu'elle ne se réduit pas à une tromperie ou à une illusion ou à un anesthésique : elle est en cohérence avec un ensemble social la déterminant.
La constatation de Marx m'apparaît justement comme un aveu "d'échec" et d'aliénation. Impossible de renier l'aspect psychologique de la religion, je te l'accorde ; ceci dit, l'expression
comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu, véhicule l'image d'une religion présente "par défaut", comme une contre-tare sociale, une réponse stéréotypée, en quelque sorte. Un soleil "noir", si tu veux mon point de vue. Est-ce que tu pourrais m'expliciter ton point de vue plus avant, si possible ? (
in fine : en quoi une "réaction" automatisée peut elle être envisagée autrement que comme une limitation ?)
Cet Etat, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers.
Qu'est-ce qui justifie cette phrase ? Je veux dire, qu'est-ce qui permet à Marx d'affirmer que le monde tel que nous l'expérimentons est "retourné" (par rapport à quels idéaux, d'ailleurs ?). Ce qui me dérange, dans cette tournure, c'est son aspect manichéen. Idéal comme réel ne sont pas "un" en eux-mêmes, ils sont (ou plutôt, ils peuvent être) pluriels. Il y aura donc toujours une sorte d'opposition - or, la déclaration de Marx donne l'impression qu'il imрutе la création de la religion à une société bien précise, celle de son époque. Je me trompe ? Si oui, alors quel est son opinion véritable ?
Et surtout, quel sens attribuer au terme "religion", dans le référentiel de ce dernier ? Son discours m'évoque tout au plus des "idéaux", des "rêves", mais en aucun cas une forme de religiosité dans le sens le plus strict du mot.