Ma rage et ma détresse, ma vieillesse ennemie !
N'aurai-je tant vécu qu'en vue de l'infamie ?
Et me suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Afin que la nuit seule abatte mes lauriers ?
Ce mien bras qu'avec peur l'Espagne entière admire,
Ce bras perpétuel, qui sauva cet Empire,
Sans relâche affermit le siège du rwé,
Me manque en cette affaire, se rebelle envers mwé ?
- Oui, je propose l'ancienne prononciation de "roi" en "rwé" (roué, si vous voulez), prononciation populaire concurrente que l'aristocratique et citadin "rwa" a éliminé !
- Résolvons au milieu les "o" dans les verbes par la migration vers le passé simple !
- Le deuxième vers perd de l'euphonie, et toutes ces dentales et sifflantes accrochent la langue et écorchent l'oreille !!!
- J'avoue que "ce mien bras" relève d'un état de la langue française médiévale (cet état où l'on peut allier l'article et le possessif est celui du portugais actuel, où l'on peut écrire "o meu punho"), mais je ne trouve pas d'autre solution.
Pour ma défense, n'oublions pas les tendances archaïsantes de la versification de Pierre Corneille !
- Nous ne pouvons pas actualiser le mot "travaux" du troisième vers avec "efforts" qui comporte un "o", ni avec "peines", vocable féminin, ni avec "souffrances", qui a un "o", cela reste ainsi !
- Le "donc" disparaît à la faveur d'un futur, qui va bien avec l'idée.
- "Querelle", au sens d'affrontement, est avec avantage rendu par "affaire" !
- Dans "son roi", l'élimination du possessif est suppléée par le contexte lui-même ; cependant, nous perdons une nuance affective en cela : il s'agit du roi que le royaume d'Espagne aime !
- Quant à la coupe dite "épique" du premier vers qu'introduit le mot "détresse", ce n'est guère cornélien mais que faire ?
Voilà mon cher Dragon et correcteur ;
un bisou sur tes écailles brevetées ignifuges,
afin de réveiller en douceur le Prince qui languit
et se morfond sous ta lourde armure ! Cela suffit, les prises d'otage, terroriste !!!