Bonjour à toutes et à tous
« Merhaba », sept lettres qui signifient « Bienvenue » en Arabe
Sept lettres pour ouvrir les bras et venir en aide aux LGBT issus de l’immigration et des minorités ethniques.
« Vu la multiplicité des identités et la complexité liée aux cultures, religions, etc., on ne se reconnaissait pas dans le milieu LGBT habituel », explique Sam, assistante sociale et chargée de projet chez Merhaba.
Porté sur les fonts baptismaux en 2002, le mouvement a pour but de rassembler les personnes originaires du Maghreb, du Moyen-Orient, de la Turquie et de l’Afrique subsaharienne, autant de régions où l’idée d’un mariage hоmоsехuеl « relève de la science-fiction », précise encore Sam.
Pour les personnes qui font appel à Merhaba, il ne s’agit pas de pouvoir « simplement » faire son coming out mais aussi de faire face à un certain racisme, à une incompréhension mais aussi « jongler avec les doubles vies que beaucoup d’entre nous vivaient ».
Sans attache religieuse particulière, l’association s’affiche comme pluraliste mais tentant d’aborder néanmoins les questions philosophiques liées à la sехualité.
« C’est paradoxal mais certaines personnes souffrent d’une homophobie intériorisée et se tournent alors vers l’islam pour trouver des réponses », détaille Sam tout en rappelant que rien dans le Coran ne permet de croire que l’islam condamne l’hоmоsехualité.
Par ailleurs, être croyant et LGBT a longtemps paru chose inaccessible. « Désormais en Belgique et dans le monde, on voit une sorte d’acceptation, de tolérance par rapport à ces identités. Donc, on peut être gay et chrétien, on peut être gay et musulman. »
« Pour certains, faire son coming out, c’est s’aliéner une partie de la communauté, la famille, et risquer de se retrouver seuls. Avec Merhaba, ils peuvent se préparer, conserver un réseau de connaissances et ne pas s’isoler ».
Merhaba compte surtout des hommes dans son public « pas parce qu’il n’y a pas de lesbienne au Maghreb ou ailleurs mais parce qu’en tant que femmes, elles sont peut-être moins libres, moins mobiles pour pouvoir faire appel à des associations ou se rendre sur des lieux de rencontres ».
Ces rencontres Sam et son équipe tentent de les faciliter, notamment via la mise en place d’un « MerhabaPhone » et d’un « MerhaBar ». Une voix anonyme d’un côté, la cordialité d’un groupe de rencontre une fois par mois de l’autre.
Pour Merhaba comme pour d’autres associations dans le milieu LGBT, les défis de ce début de siècle restent nombreux : « Déconstruire les stéréotypes de genre qui sont à la base de l’homophobie, déconstruire les idées patriarcales concernant la sехualité en générale », allègue l’assistante sociale du mouvement, un combat qui va de pair avec le féminisme, renchérit-elle. Ce « chemin d’émancipation multiple » navigue également sur les éléments culturels, sociaux.
Car elles ont la dent dure ces images préconçues, « on a du mal à imaginer qu’une femme voilée ayant cinq enfants puisse être lesbienne, et pourtant… », rectifie Sam.
Présente en Flandre (où elle perçoit des subsides) et à Bruxelles, l’association Merhaba s’appuie sur un temps plein et demi au nord du pays et un temps plein dans la capitale. Une quinzaine de bénévoles viennent également apporter leur aide régulièrement. « L’idéal serait que Merhaba n’existe plus dans quelques années, mais c’est une utopie! »
Que pensez-vous de cette association en Belgique ?
https://www.rtbf.be/info/dossier/dossier-diversite/detail_merhaba-ou-l-aide-aux-lgbt-issus-des-minorites-ethniques?id=9120128