Mesdames, Messieurs, chers demi-frères en solitude, chères demi-sœurs en humanité,
J'ai longtemps tortillé, et mоп согрs, et mon mouchoir, et les idées dans mon cerveau, en ces temps de troubles identitaires, en cette incertitude coutumière, où le moindre hétéгоsехuеl veut essayer - comme on change de chemise après avoir sué - des combinaisons hоmоsехuеllеs, avec des sехes surdimensionnés de mâles magnifiques, mais en toute discrétion, sans lendemain, et puis l'hygiène et tout....
Certains me susurrent à l'oreille (oui, j'entends des voix, ça occupe quand on est seul) "Fais donc ton cominnegaoute" ; comme je ne pratique pas le dialecte français de l'anglais universel, il m'a fallu une traduction !
Le mot, paraît-il, fait le larron ; la dénomination fait la nature des choses ; et puis, l'étiquetage dans ce monde de la grande surface commerciale, est le b.a. ba de la classification libératrice.
Je n'ai fait ni une ni deux : mon mieux-être en dépend, alors faut ce qu'il faut.
Je me suis mis à beugler sur la plus grande place de Lyon, la place Bellecour ; à côté de moi, il y avait les Mormons et leur "Tour de garde", et les soubrettes, décolletées jusqu'aux fеssеs, d'une nouvelle chaîne de restauration rapide, basée sur un concept simple ("taillez vous-même votre morceau de viande" dans les chambres froides adjacentes à la salle à manger).
Je me suis mis à beugler "Je suis pédé", et ceci sans discontinuer.
Si vous croyez que c'est simple, le comminegaoute ; tous les passants fuient en levant les yeux au ciel, comme s'ils avaient une ligne télépathique directe avec leur dieu : je n'arrive pas à en intercepter un seul, pour lui dire, avec conviction, "Je suis pédé".
Heureux ceux qui ont une famille stable à qui hurler "Je suis pédé".
Voilà : c'était mon cominnegaoute !!!