Il n'y a pas de "devoir de mémoire" : cette formule-là est un stéréotype, mais par contre il existe la nécessité qu'ont tous les êtres humains de se tourner vers leur passé, pour mieux envisager leur avenir.
Pierre Seel, alsacien, a été déporté pendant la Seconde guerre mondiale, en vertu d'un article de loi anti-hоmоsехuеl maintenu par la République de Weimar, et ce contre les pétitions courageusement menées par le professeur Magnus Hirschfeld (dont les nazis saccageront l'institut dès leur venue au pouvoir, accession au pouvoir possible grâce aux voix du parti catholique "Zentrum"). Pour Hirschfeld, renvoyons à "Race d'Ep" de Guy Hocquenghem.
Et il fut déporté, en vertu d'un article de loi "démocratique", dont se seront saisis les exaltés de la pureté du sang et de la communauté aryenne, que "contaminaient" les hоmоsехuеls, les gitans, les juifs, les "dégénérés", etc... Rappelons que l'Alsace avait été, de suite, intégrée dans le Reich lors de la signature de l'armistice par Pétain.
Le livre de Seel est un puissant témoignage, et effectivement il aura été le seul Français à braver la chape de plomb de ses propres préjugés et des haines sociales, pour laisser la trace de son amour, et de ce qu'il lui en a coûté. Et, en Allemagne, les témoignages n'auront guère abondé : ils auront été recueillis à la fin de la vie des victimes... puisque la République de Bonn, la très démocrate-chrétienne, aura maintenu jusque vers les années 1980 l'article-même qui les avait conduits en prison puis en camp de concentration.